Objectif réel des consultations :
Fatshi Néron vise l’abrogation de la Constitution
Des années Mobutu à celles de Joseph Kabila en passant par les années Laurent-Désiré Kabila, la finalité est restée la même quand il était question de négociations politiques : le chef de l’Etat en fonction redistribuait des cartes en sa possession en se délestant de certains postes au niveau du gouvernement (ministères) et de l’administration publique (territoriale, diplomatie et portefeuille). Pour la première fois dans l’histoire du pays, Félix Tshisekedi ne dispose de rien à offrir en partage !
CENCO : PAS QUESTION DE PARTAGE DU POUVOIR
Même s’il en préside régulièrement le conseil des ministres, le chef de l’Etat n’a pas à proprement ni postes ministériels, ni postes dans la territoriale, la diplomatie ou les entreprises et services publics avec lesquels s’attirer l’attention des chercheurs d’emplois. Son cabinet est déjà pléthorique. C’est un roi nu qui risque de le demeurer même après les consultations qu’il vient d’initier.
Trêve d’illusions : à 90 %, les compatriotes qui s’érigent soudain en « leaders politiques et sociaux les plus représentatifs » desquels le président de la République veut obtenir les opinions « à l’effet de créer une union sacrée de la Nation », s’attendent à des maroquins.
Malheureusement pour eux, la déconvenue les attend. Plusieurs personnalités de la société civile – Cenco en premier lieu – sont opposées à des concertations qui auraient pour finalité le partage du pouvoir.
Que va-t-il alors se passer ?
CONTINUITE DE L’ETAT OBLIGE !
La réponse est dans la menace brandie par Félix Tshisekedi lorsqu’il déclare, dans la partie finale de son discours, au sujet des consultations : « A l’issue de celles-ci, je reviendrai vers vous, dans une nouvelle adresse, pour vous faire part de mes décisions qui n’excluront aucun cas de figure ».
Sur les hauteurs du Mont Ngaliema et sur la berge du fleuve Congo au Palais de la Nation, tous savent que s’il s’en tient à la Constitution, Félix Tshisekedi a le choix entre :
– la dissolution de l’Assemblée nationale et
– la requalification de la Majorité parlementaire en sa faveur.
Or, la dissolution de la chambre basse est soumise à une crise persistante entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale. Le Président de la République ne peut pas se substituer au Gouvernement dont le chef désigné à l’article 91 de la Constitution est le Premier ministre. Impossible pour lui-même de le faire au risque d’être accusé de Haute trahison.
Il lui reste la requalification de la Majorité parlementaire. Le seul moyen de le faire, c’est de procéder au débauchage au sein du Fcc.
L’exercice n’est pas facile, car au regard de l’article 54 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale approuvé du reste par la Cour constitutionnelle « Un député ne peut faire partie que d’un seul groupe parlementaire. Il exerce ce droit une fois au cours de la législature. Un député qui quitte son groupe parlementaire perd le droit de s’affilier à un autre groupe, il devient non-inscrit. Il en est ainsi du député qui est exclu de son parti. Le député qui n’appartient à aucun groupe parlementaire est appelé non-inscrit. Chaque député est membre du groupe parlementaire auquel appartient le parti politique dans le cadre duquel il a été élu. Les groupes parlementaires sont constitués pour la durée de la législature…».
Ce verrouillage résulte du vagabondage politique qui perturbe le fonctionnement normal des institutions.
Continuité de l’Etat oblige, la Cour constitutionnelle, si elle redevenait fonctionelle, ne prendra pas le risque de remettre en cause l’énoncé de cet article. Garant de la continuité de l’Etat, le président de la République va bien devoir s’y soumettre.
CONSTITUTION APRES CONSTITUTION : MEME ADN DE MEPRIS
Bloqué par rapport à la dissolution de la chambre basse et à la recomposition de la majorité parlementaire, Fatshi n’a plus pour voie de sortie que l’abrogation de la Constitution, en étant lui-même conscient de se disqualifier.
Pour ce faire, il a besoin d’une union sacrée autour de la Nation.
On devra toutefois retenir qu’il n’a d’abord aucun lien affectif avec la loi fondamentale actuelle. Non pas qu’il avait voté contre, mais il en avait boycotté le référendum organisé en 2005. Que cette Constitution tombe, ça ne lui fait ni chaud, ni froid.
Et pour l’abroger, a-t-il trouvé la recette-miracle : opposer les Institutions (sur lesquelles il n’a aucune emprise) aux leaders les plus représentatifs selon son entendement, en s’appuyant sur le fameux peuple d’abord !
Nous revoici dans la dynamique de l’Union sacrée de triste mémoire. Celle qui avait fait rater au pays l’acquis de la libéralisation politique actionnée le 24 avril 1990. Étienne Tshisekedi n’en voulait pas au départ. Par la tactique de diabolisation, il finira par l’accepter pour accroître son leadership dans l’opinion. Mais, en réalité, il avait écrasé autant ses propres compagnons de l’Udps pro Union sacrée (Lihau, Kibassa, Mbwankiem, Birindwa…) que tous ceux du dehors qui voulaient s’y accrocher (Iléo, Kengo, Nguz, Mungul etc.)
De quoi rappeler aussi le premier ratage de l’acquis de la Conférence de Luluabourg avec le coup d’État du 24 novembre 1965. Ou, pour être plus près de nous, le coup du boycott qui avait failli faire manquer à la RDC la Constitution de 2006.
APRES FATSHI BETON VOICI FATSHI NÉRON !
C’est tout à fait phénoménal que de voir le père Etienne et le fils Félix Tshisekedi déclarer leur foi dans l’État de droit, mais avoir en partage de l’abrogation de tout texte de Constitution pour le pays ne portant pas leur marque.
C’est tout aussi phénoménal que de voir autour du fils les mêmes acteurs qui avaient conduit le maréchal d’abord à la dictature, ensuite à la chute.
Quand l’abrogation de la Constitution surviendra – car il n’y a pas d’autre issue pour Fatshi que celle-là pour lui – on comprendra d’où viennent les coups empêchant la coalition actuelle de fonctionner et les espoirs placés par le peuple congolais dans l’alternance opérée en janvier 2019 se réaliser.
En vérité, en vérité, Félix Tshisekedi a consciemment organisé le blocage du fonctionnement des Institutions de la République au cours de ses 20 mois de pouvoir.
En vérité, en vérité, il entend rejouer la carte de la victimisation en surfant sur la misère du peuple.
En vérité, en vérité, se faisant Néron qui, provoquant l’incendie de Rome en 64 avant Jésus Christ, s’était écrié : « Qualis artifex pereo ». Traduisez : « Quel grand artiste périt avec moi ». Pour cela, Fatshi Néron a besoin du beau monde autour de lui pour perpétrer son suicide politique.
Samuti Mwenyelutshi, Twitter @JeanSamuti

Badinter, Kabila, Tshisekedi : la justice n’est pas la vengeance
Dominique Sakombi Inongo, quinze ans déjà : héritage vivant, avenir commun
En RDC, Joseph Kabila met Félix Tshisekedi en garde : « Tôt ou tard, la supercherie sera évidente pour tous »
RDC : l’opposition se dresse contre la peine de mort requise contre Joseph Kabila
Supporters of ex-DRC President Kabila denounce proposed death penalty as ‘sham’