Hommage à Sindika Dokolo

Quel gâchis! Mourir dans la fleur de l’âge.

Sindika Dokolo qui vient de nous quitter était, avec Jean Pierre Bemba et Nzanga Mobutu, les enfants des dignitaires du régime Mobutu avec qui Joseph Kabila, dès le départ, avait voulu travailler pour la reconstruction de notre pays.

Tenez, en décembre 2002, lors de son mariage avec Isabelle Do Santos, le Président de l’époque, Joseph Kabila qui n’avait que 2 ans de pouvoir, dirigeait la délégation congolaise à ce mariage qui unissait l’Angola à la RDC. Pascal Kinduelo, Jean Pierre Kiwakana, Jean Lengo, Antoine Ghonda et les autres dignitaires ne-Kongo présents, font l’honneur à Joseph Kabila de représenter la famille Dokolo à toutes les cérémonies.

Sindika et Kabila passent des moments d’entente cordiale. Les deux hommes parlent RDC, ils sont d’accord sur toute la ligne. Ils ont presque le même âge.

Kabila suggère à Sindika de revenir au pays pour y occuper le poste de son choix. La réponse est mi-figue mi-raisin. Tout le monde connaît la suite.

À Sun City, nous signons avec Jean Pierre Bemba “l’accord de l’hôtel Cascades” qui ferait de lui, un allié du pouvoir une fois de retour au pays au lieu de la formule 1+4 qui était une création des occidentaux qui ne juraient que par un Président qui règne mais qui ne gouverne pas. Cet esprit a d’ailleurs été coulé dans la constitution actuelle que d’aucuns interprètent de travers.

JP Bemba a préféré la formule occidentale qui faisait de lui le Vice President en charge du secteur économique et financier, espérant gagner les élections prévues en 2005 mais qui eurent lieu finalement en 2006. La suite, nous la connaissons tous.

Lorsque Joseph Kabila gagne les élections en 2006, il approche Nzanga Mobutu et son UDEMO pour se joindre à lui dans une “Union Sacrée de la République (le terme ne date pas d’aujourd’hui) avec le Palu de Gizenga et d’autres partis politiques avec lesquels on obtenait la majorité au Parlement. Mais Nzanga avait préféré sa vie de fils à Papa, sillonnant le monde aux frais du contribuable congolais, ce qui lui valu son limogeage du gouvernement.

Aujourd’hui Sindika meurt dans des circonstances tragiques, laissant derrière lui une veuve empêtrée dans des problèmes de malversations financières, une réputation ternie et un mouvement politique orphelin qui n’était incarné que par sa personne.

L’occasion pour moi de me poser la question de savoir, que serions nous devenus si ces tentatives de rapprochement amorcées par Joseph Kabila pour travailler avec les mobutistes avaient abouti? Aujourd’hui Joseph Kabila a changé le fusil d’épaule pour essayer les tshisekedistes. Et ça ne date pas d’aujourd’hui.

Tout le monde sait comment Samy BADIBANGA est devenu Premier Ministre après le dialogue de la Cité de l’Union Africaine avec Edem Kodjo comme médiateur. De même pour Bruno Tshibala après le dialogue de la CENCO.

Aujourd’hui Felix Tshisekedi préside aux destinées de notre pays dans un climat délétère qui fait que l’avenir ne tient qu’à un cheveux. Comme la vie. Nous venons de le voir avec la mort inopinée de Sindika.

Repose en paix, cher compatriote.

Prof. Barnabé Kikaya Bin Karubi | Twitter @kikayabinkarubi