Congo hold-up : Trois ans après, qu’en reste-t-il ?
Du 19 novembre au 8 décembre 2021, trois semaines durant, un consortium des médias a décidé de «massacrer» un chef d’État honoraire. Le même dont certaines de ses composantes avaient vraisemblablement pour vocation de descendre en enfer lorsqu’il était en fonction. Avec 19 médias et 5 ONG, ce consortium était coordonné par le réseau «European Investigative Collaborations», acronyme ressemblant curieusement à l’EIC (Etat Indépendant du Congo). On pourrait supposer son management par des puissances n’ayant jamais voulu de l’indépendance effective de la RDC…
Pour «Public Eye», une de ces ONG, «C’estk la plus grosse fuite de données du continent africain : l’enquête Congo Hold-up révèle comment BGFIBank a servi à détourner des centaines de millions d’argent public et à piller les ressources naturelles de la République démocratique du Congo, avec la complicité de réseaux d’affaires internationaux et de banques, notamment en Suisse. Public Eye a publié une série d’articles, fruit de six mois d’enquêtes et d’une alliance inédite entre médias et ONG d’investigation».
Trois ans plus tard (2021-2024), ce ne serait pas trop que de se demander ce qui en reste dans la mémoire collective ! Rien !
En effet, n’ayant rien trouvé de consistant à rattacher à Joseph Kabila Kabange pour étoffer son acte d’accusation, «EIC» s’est vraiment fourvoyée dans cette affaire.
La preuve est qu’elle est toujours incapable de produire les preuves de l’implication réelle du chef d’État honoraire. Elle n’aura fonctionné que pour ce dernier, allant jusqu’à se servir d’un logiciel informatique qui est tout, sauf le summum de la perfection.
Lors du déclenchement de la campagne médiatique le 19 novembre 2021, ils ont reconnu que «Pour la première fois, une fuite de données permet de plonger dans les entrailles d’une banque. Un logiciel spécifique a dû extraire des documents les informations sur les flux financiers…».
Ce qu’ils n’ont pas dit, c’est qu’un logiciel informatique ne peut être totalement fiable. Il fait d’ailleurs objet de piratage. Certains spécialistes dénombrent jusque-là sept possibilités d’y parvenir : phishing ou hameçonnage, rançongiciel, logiciels malveillants, clé USB piégée, faux sites internet, vol de mot de passe et faux réseaux wifi, dans une opération qui n’est autre que de la cybercriminalité.
Dès lors que trois ans après, EIC – qui terminait chacun de ses reportages papier par l’indication « Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr » – n’ait pas nourri ses investigations avec des éléments concrets liant leurs trouvailles à la personne de Joseph Kabila, prouve amplement que la campagne a fait flop.
D’ailleurs, les méthodes de travail de ce genre de conglomérat ont eu dernièrement un « hoquet » avec le désistement de Colette Braeckman, journaliste belge associée dans une aventure similaire dénommée «Rwanda Classified». Elle s’est fait taper sur les doigts par sa hiérarchie pour avoir dénoncé les pratiques adoptées pour le montage du dossier. «J’ai été impliquée dans une opération qui n’a rien de journalistique, qui s’appelle une conjuration », a-t-elle déploré.
Ce qui laisse supposer qu’il s’agit des mêmes pratiques avec des tirs groupés, question de ne laisser à la personne à exécuter aucune possibilité d’échapper au «peloton d’exécution».
On a voulu en finir avec Joseph Kabila après l’avoir raté successivement entre 2008 et 2011 pour cause du contrat sino-congolais, en 2016 avec Panama Papers, en 2018 aux élections de 2018 avec la victoire proclamée de Félix Tshisekedi, en 2020 avec la liquidation de la coalition FCC-CACH et en 2021 avec «Congo Hold Up». Depuis, on est dans des théories complotistes !
Trois ans après, la vérité à admettre est que l’EIC voulait lui faire mal. Pour avoir manqué l’objectif, plusieurs tireurs d’élite camoufflés comme correspondants de presse ou comme activistes des ONG, ont été éloignés des médias et de leurs organisations, entraînés dans une affaire tout ce qu’il y a de sale.
Tribune publiée dans https://www.forumdesas.net/2024/11/tribune-congo-hold-up-trois-ans-apres-quen-reste-t-il/
Barnabé KIKAYA Bin Karubi
Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur, Ancien Député, Professeur à l’Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
www.kikayabinkarubi.net | Twitter: @kikayabinkarubi