Le Congo n’est pas à vendre : Retour sur le lieu du crime.
Du 19 novembre au 8 décembre 2021, trois semaines durant, un consortium des médias a décidé de «massacrer» un chef d’État honoraire. Le même dont certaines de ses composantes avaient vraisemblablement pour vocation de descendre en enfer lorsqu’il était en fonction. Qu’en reste-t-il, trois ans après ?
N’ayant vraisemblablement rien trouvé de consistant à rattacher à Joseph Kabila Kabange pour étoffer son acte d’accusation, une ONG congolaise, au nom accrocheur, « Le Congo n’est pas à vendre », a cherché à se rappeler au bon souvenir des siens en tenant à Kinshasa, le 14 novembre 2024, une conférence de presse sanctionnée par un communiqué de presse vaguement intitulé « Enquêter sur les fonds congolais détournés et dissimulés dans des biens immobiliers en Afrique du Sud ».
Au fait, il s’agit d’un forcing exercé sur les « Procureurs à enquêter sur les fonds congolais détournés et dissimulés dans des biens immobiliers en Afrique du Sud ».
L’ONG s’inquiète du statut gelé de la plainte collective impliquant aussi d’autres organisations non gouvernementales étrangères déposée auprès de la National Prosecuting Authority en Afrique du Sud voici 19 mois «sans qu’aucune mesure apparente n’ait été prise par les autorités de ce pays pour établir la responsabilité des auteurs de ces crimes».
Le constat est que les personnes embarquées dans la sortie politique, diplomatique et médiatique du Rapport « Congo Hold Up » ont agi et continuent d’agir exactement comme des braconniers qui abattent l’animal, se contentant d’en emporter le crâne (trophée) et laissent pourrir le reste.
Seulement voilà : dans cette affaire où on s’est résolu à impliquer Joseph Kabila sans que ce ne soit en réalité Joseph Kabila, il n’y a ni crâne à emporter, ni reste pour la charogne.
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Et pour cause !
Dans toutes les instances judiciaires où on a intenté des procès à sa charge à défaut de les tenter, c’est le même refrain : la vérité médiatique, surtout quand elle est stipendiée, ne fait pas la vérité judiciaire.
Dans leur cas, les membres de l’ONG «Le Congo n’est pas à vendre» ont fait le choix – conscient ou non conscient – mais au moins politiquement motivé, de vouloir rappeler le 14 novembre dernier à la mémoire collective le fameux rapport «Congo Hold Up », et cela peu de temps après l’annonce de la fin d’exil de Jean-Jacques Lumumba, retour favorisé, selon lui-même dans son interview à Rfi le 8 novembre dernier, par André Wameso, Directeur adjoint au Cabinet du Chef de l’Etat, et Jules Alingete, Inspecteur Général des Finances.
On ne peut parler de coïncidence quand Jean-Jacques Lumumba déclare : «Une enquête sur les avoirs de Selemani en Afrique du Sud est primordiale, mais la véritable justice nécessite une redevabilité, tant à l’étranger qu’au niveau national». Pour rappel, Selemani fut l’un des responsables de la BGFI/RDC dont J-J. Lumumba fut employé.
Choix politiquement motivé d’autant plus que, dans le contexte actuel au pays caractérisé par des joutes autour de la Constitution (à modifier ou à changer pour les tenants du pouvoir et ne pas y toucher pour les acteurs de l’Opposition), une initiative justifiant la conférence de presse et son sujet principal ne peut pas qu’être assimilée à une chasse aux sorcières stipendiée par une main noire. Que dire du silence assourdissant de ces mêmes ONGs depuis six ans face à la foison sans précédent du matériau sur leur domaine de prédilection qui est la corruption?
Seulement voilà : sevrée de promesses non tenues, la population congolaise croit de moins en moins dans l’accompagnement de certaines ONGs au financement flou. Depuis 1990, ces organisations ont contribué plus à sa paupérisation qu’à sa remontada économique et sociale. Elles agissent plus dans le sens d’affaiblir son pays face notamment à ses voisins qu’à en renforcer le leadership. Elles ont fait du Congo un champ en jachères. Bref, elles apparaissent plutôt en garde-chasse qu’en acteur de progrès.
Dans son Éditorial paru dans le numéro 54 de la revue géopolitique “Conflits” dénommé “ONG: bras armés des États”, Jean-Baptiste Noé, directeur de ladite revue française passe au crible ces dernières dont voici quelques morceaux choisis : “ Financées par les États et les grandes multinationales, ou des fonds financés par elles, les ONGs sélectionnent leurs causes. Il n’est pas rare, ô surprise, que leurs combats servent les pays et les fondations qui les financent. Quand Greenpeace s’en prenait à la France et à ses essais nucléaires dans le Pacifique, c’était un moyen pour les États-Unis d’affaiblir un allié encombrant. Quand une ONG humanitaire accuse Total de pratiquer le travail forcé en Birmanie, c’est pour, à coups de mensonges, faire partir l’entreprise française afin que les contrats d’exploitation puissent être signés avec une autre entreprise. Par exemple, le fruit du hasard sûrement, une compagnie pétrolière américaine qui finançait ladite ONG. Dans la dénonciation des dictateurs africains et des souffrances des civils, des choix s’opèrent : certains pays font la une de l’actualité, d’autres, qui connaissent pourtant des drames similaires, sont étrangement absents..(…) L’aide publique au développement est une excellente méthode pour transférer de l’argent des pauvres des pays riches aux riches des pays pauvres. Cette sentence de Peter Bauer, en 1984, résumait tout le paradoxe de l’industrie de l’humanitaire, notamment portée par les ONGs : derrière les grandes déclarations et les belles démonstrations se cachait une triste réalité : les pays touchés par l’aide n’ont pas été développés, mais au contraire, appauvris. Poursuivant son analyse dans Mirage égalitaire et tiersmonde, l’économiste démontrait que ce sont les échanges, les inventions, les innovations technologiques qui permettent de sortir de la pauvreté. Des pays comme le Vietnam, la Corée du Sud, la Chine, en témoignent. Par ses découvertes, Louis Pasteur a plus fait pour lutter contre la pauvreté que toutes les bonnes âmes, souvent manipulées.”
Sur Congo Hold-up, face aux choix courageux opérés par notre quatrième président sur le contrat sino-congolais, la révision du Code Minier ainsi que les premières éléctions financées sur fonds propres avec à la clé une alternance historique, suivez donc mon regard! Au final, pour une fois, on a entendu les organisateurs de la conférence de presse du 14 novembre 2024 supplier quasiment les journalistes présents à leur rendre service. Ça, c’est du jamais vu ni entendu en RDC. Preuve que les médias, après les autres forces politiques et sociales, commencent eux aussi à se demander s’ils ne se rendent pas complices de la destruction silencieuse de leur pays, interrompant toute possibilité de ressaisissement.
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Barnabé KIKAYA Bin Karubi
Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur, Ancien Député, Professeur à l’Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
www.kikayabinkarubi.net | Twitter: @kikayabinkarubi