Pour QUI travaille réellement Global Witness ?

ANALYSE DES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE CONGOLAISE

Depuis sa création en 1993, Global Witness justifie son existence au nom de la lutte contre la corruption, notamment dans le domaine des ressources naturelles. A partir de 2004, cette Organisation Non Gouvernementale (ONG) a choisi de faire de la République Démocratique du Congo une de ses zones favorites d’intervention, qu’elle n’a plus quittée depuis.

Son activité principale depuis lors a consisté à écrire des histoires – raconter des « story » – pour préempter le terrain idéologique et convaincre l’opinion publique du bien fondé de ses positions, justifiées par une morale qu’elle a décrétée cause universelle.

Sa théorie – simpliste – en RDC – mais probablement dans tout le monde en développement dont par un hasard extraordinaire elle fait son terrain de chasse depuis la fin de la guerre froide – est que la pauvreté du peuple congolais est la résultante de la corruption endémique de ses élites depuis des décennies qui se servent du secteur de ses matières premières comme d’une caisse personnelle et qui privent le peuple des revenus de ses mines.

Sa solution – simpliste – : sanctionner les corrompus, accueillir à bras ouverts les investisseurs étrangers et la RDC se développera.

Ses leviers d’actions -simplistes – jouer sur les leviers de l’aide au développement et recourir au besoin, aux sanctions internationales extra-judiciaires, dit autrement, user avec les institutions de la vieille technique de la carotte et du bâton.

Tout ce cadre logique serait formidable si seulement il reposait sur une quelconque réalité et avait une quelconque utilité économique et sociale en matière de développement dans les pays dans lesquels il est censé s’appliquer. Et si tout cela était vrai, Global Witness aurait alors enfin trouvé la cause au sous-développement de la RDC et en mériterait probablement le prix Nobel.

Malheureusement, Global Witness est à la réalité, ce que le Canada dry est au Ginger Ale, une mauvaise copie.

Global Witness décrit un monde qui n’existe que dans ses rapports. Global Witness propose des causalités au sous-développement qui n’en sont que les conséquences. Global Witness propose des solutions qui ne sont que des catalogues de bonnes intentions, le tout au nom d’objectifs qui masquent de plus en plus mal la réalité de leur engagement au service de l’exploitation des richesses congolaises par d’autres que les Congolais.

Nous allons, à travers l’analyse des rapports de cette ONG, raconter l’autre histoire, celle que Global Witness ne raconte jamais mais que ses omissions et ses mensonges racontent en creux :

● Celle d’une ONG qui ne s’est intéressée à la RDC qu’à partir de 2004, date à laquelle le processus de transfert de ses ressources naturelles au profitmassif d’entreprises étrangères et notamment anglo-saxonnes dans des conditions plus que douteuses, était quasiment arrivé à son terme après plusieurs années de guerre.

● Celle d’une ONG dont l’action loin de permettre aux Congolais de bénéficier des revenus de leurs ressources naturelles en contribuant par exemple à rééquilibrer les situations iniques nées de la guerre, ou de celle du code minier de 2002 très libéral, ou de la revisitation de 2007/2009 très inutile, a bien plus contribué à figer les situations acquises, c’est- à-dire à contribuer à légitimer le transfert du secteur minier au profit des investisseurs internationaux, secteur minier qui dans l’histoire de la République Démocratique du Congo n’aura pu échapper à la rapacité internationale que 25 petites années.

● Celle d’une ONG qui dans ses écrits cherche à faire croire que les exploiteurs étrangers et nationaux ont la même responsabilité dans la situation du pays et qu’ils sont donc coupables de la même manière.

● Celle d’une ONG qui a toujours cherché à légitimer l’action de la Communauté internationale alors que celle-ci a au moins autant été la cause des problèmes de la RDC que sa solution.

● Celle d’une ONG qui, pour masquer les déséquilibres structurels du secteur minier congolais qui privent l’Etat de ses ressources légitimes depuis près de 20 années, a développé sans relâche une théorie spécieuse sur la responsabilité congolaise, et a créé des boucs émissaires pour que l’opinion publique occidentale puisse continuer à utiliser sans remord et pour pas trop cher ses téléphones portables et ses batteries de voitures électriques qui fonctionnent au cuivre et au cobalt congolais.

● Celle d’une ONG qui postule que les Congolais ont besoin qu’on leur tienne la main pour les aider à se développer, même s’ils n’ont rien demandé.

● Pire que tout, celle d’une ONG qui, depuis 2004, a constamment menti à l’opinion publique et s’est fait passer pour le bon samaritain des Congolais, accompagnée de ses épigones Enough Project, The Sentry, toutes ONG internationales accompagnées de quelques supplétifs locaux, alors qu’elles ne sont en fait que le nouveau visage de l’impérialisme en RDC.

En réalité la déconnexion entre leurs ambitions affichées, les objectifs défendus et les méthodes utilisées est telle que la meilleure illustration qu’on puisse donner du fonctionnement de cette ONG, est celle d’un régime bien connu : « En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes les deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle1 ».

Global Witness ne semble plus être une ONG mais apparaît plutôt une officine au service d’intérêts économiques étrangers.

Ce rapport va s’employer à décrire l’imposture moderne de cette ONG qui, sous couvert de défendre les intérêts des Congolais, ne fait que défendre un nouvel impérialisme, qui hier comme aujourd’hui souhaite, pouvoir continuer à se servir tranquillement en RDC.

Pour la Coalition

Ernest Mpararo Chikolwe

Secrétaire Exécutif (Point Focal de Transparency International en RDC) de la Coalition