Minaku: «Je ne vois pas Kabila être le chef de file d’une rébellion»

La parole de l’ancien président PPRD de l’Assemblée nationale est rare. Mais la multiplication des attaques, des critiques, des allégations dirigées contre Joseph Kabila, son leader et son mentor dont il est devenu le numéro deux au parti il y a quelques semaines, ont contraint Aubin Minaku de parler, de briser le silence pour défendre le président de la République honoraire, démonter les fausses dénonciations dont il fait l’objet, d’autant que seule la parole doit jouer un rôle de rétablissement des faits et de la vérité.
Au travers le micro de Deutsche Welle, un média international allemand, le vice-président du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie- PPRD a donné de la voix sur tout ce qui se raconte sur la personne de l’ancien Président de la République. Cette sortie médiatique a permis à l’ancien président de l’Assemblée nationale de balayer d’un revers de la main les allégations selon lesquelles Kabila soutiendrait la rébellion à l’Est.
Aubin Minaku a souligné en gras que le Président honoraire n’a jamais rêvé un seul instant de marcher dans une approche arépublicaine, alors que l’intéressé a presque défié le président de la République Félix Tshisekedi, dans une sortie médiatique le 18 mars dernier, en lui demandant de brandir les preuves de ses allégations. Pour sortir de la crise actuelle, il a fait savoir que Joseph Kabila prône l’approche holistique en vue d’une paix réelle et pérenne en RD-Congo.
«En tant que membre du PPRD, collaborateur de Kabila, je ne le vois pas agir dans une approche arépublicaine, c’est-à-dire contre ou parallèle à la République. Je ne le vois pas être le chef de file d’une rébellion», a tranché d’emblée Minaku Nzalandjoku. Véritable lieutenant de celui qu’on appelait Raïs, l’ancien speaker de la chambre basse du Parlement, lui-même récemment convoqué et entendu par la justice militaire pour des accointances présumées avec l’AFC-M23 avant de rentrer libre chez lui, dit n’avoir jamais constaté des indices de rébellion dans le chef de son Chef du parti. «En tout cas, je n’ai jamais vu un seul indice dans ce sens-là. Il ne m’a jamais parlé d’une approche pareille depuis 2019, quand il y a eu une passation de pouvoir jusqu’à ce jour», a-t-il précisé.
À la question sur le Rwanda, Minaku a jugé utile d’évoquer avant tout un conflit RD-congolais. «Il faut d’abord qualifier le conflit congolais. Lorsque des citoyens d’un pays, au lieu d’user la méthode pacifique, comme nous autres, en opposition, préfèrent prendre les armes pour faire la guerre contre un pouvoir établi, à cause de diverses raisons, malgouvernance, etc., ça s’appelle une insurrection, ou une rébellion, ou encore un conflit armé non international», a-t-il indiqué.
Et de poursuivre: «Mais il y a des cas de figure intermédiaires, notamment ce qu’on appelle les conflits armés non internationaux internationalisés, ou les conflits armés internationaux internisés. Dans le cas d’espèce, j’estime, à mon humble avis, que nous sommes dans un contexte de conflit armé non international internationalisé. Que ce soient les Banyamulengues, les Tutsis, les minorités, ou les autres Congolais qui font la guerre contre le pouvoir établi, ce sont des Congolais. Ce sont des Congolais».
Contrairement à ce que défend le régime en place, Minaku a affirmé avec force le courage de ses idées, qualifiant le conflit armé qui secoue l’Est de la République d’une insurrection, d’un conflit armé non international internationalisé. «Et on se retrouve dans ce cas de figure-là, conflit armé non international, donc une insurrection face à un pouvoir établi. Donc on est dans un conflit complexe, conflit armé non international, internationalisé. C’est ça la qualification réelle. Il faut partir de cette qualification pour maintenant trouver des solutions, des remèdes. Les remèdes doivent concerner l’aspect interne, comment régler le conflit armé non international».
Comme piste de sortie de la crise, l’ancien tient mordicus à l’approche holistique préconisée par Joseph Kabila. «Pour nous les pacifiques, c’est nécessairement par une démarche de dialogue, directe, ouverte», suggère-t-il tout en indiquant la démarche à suivre pour régler les considérations d’internationalisation: les règles diplomatiques consacrées sur la scène internationale. «C’est ce que Kabila appelle l’approche holistique pour régler notre conflit. Parce que nous devons travailler aujourd’hui afin qu’une paix réelle, j’insiste, réelle et pérenne s’instaure pour nos enfants, nos petits-enfants, et donc pour toutes les générations futures», a martelé le vice-président du PPRD.
Minaku a aussi abordé la voie par laquelle un ancien Président de la République peut revenir au pouvoir. «Si un ancien Président redevenait candidat, ça ne sera pas par la force, ça sera suite à une sanction du souverain primaire, le peuple. Respectons le pouvoir de ce souverain primaire qu’est le peuple», a-t-il plaidé.
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