Ma lecture de la thèse de Joseph Kabila, Président Honoraire de la République Démocratique du Congo.
La Renaissance de la République Démocratique du Congo (RDC) : Une étude narrative biographique et auto ethnographique de 19 années de construction de l’État, de consolidation de la paix et de relance économique
La thèse du président honoraire Joseph Kabila permet, sans nul doute, de remettre en question certaines certitudes concernant la gestion des crises multisectorielles auxquelles la République Démocratique du Congo (RDC) a dû faire face. En tant qu’acteur majeur de la politique congolaise pendant 18 ans, Joseph Kabila partage son point de vue à travers un narratif autobiographique et ethnographique. Selon lui, cette approche comble les lacunes présentes dans la littérature dominante sur la RDC. Voici quelques extraits de sa thèse à ce sujet :
« Cependant, une grande partie de la littérature et des commentaires politiques concernant la RDC proviennent de personnes extérieures – dont beaucoup n’ont pas mis les pieds en RDC. En effet, nombreux sont ceux qui se considèrent comme des experts en la matière, mais qui ont peu de connaissances sur le fonctionnement interne et les subtilités des développements en RDC. »
« … des intellectuels et des commentateurs extérieurs regardent la RDC à travers un verre embué et confondent à tort leurs croyances déformées avec des vérités et des connaissances universelles. »
Pour appuyer son argumentaire, Kabila cite le romancier Nuruddin Farah, établissant ainsi un parallèle avec la situation au Soudan :
« La Somalie est un pays sur lequel on a beaucoup écrit mais dont on sait peu ou rien de correct. »
À ce stade de sa thèse, deux éléments fondateurs émergent : le premier est de rééclairer la lanterne de l’opinion publique, et le second, de le faire à travers le prisme de la philosophie africaine.
« Il est important que ces faiblesses et lacunes dans la littérature soient abordées et comblées. De plus, que le faux récit imposé à la RDC par des acteurs extérieurs au pays – et à une grande partie du continent – soit rectifié. »
En faisant référence à la métaphore de l’allégorie de la caverne de Platon, Joseph Kabila souligne les biais de perception imposés à l’Afrique :
« Dans la pure tradition philosophique occidentale, on peut facilement, à première vue, faire une analogie entre ces étrangers et les prisonniers enchaînés dans l’histoire de Platon. Allégorie de la Grotte : chaque prisonnier interprète à tort les ombres déformées sur les parois intérieures de la grotte comme étant la réalité et attend (sans le savoir) qu’une personne qui s’est libérée de la grotte revienne et le sauve de son ignorance. »
Il critique ainsi, et je partage son avis, les certitudes imposées depuis des décennies par une littérature dominante qui analyse les faits africains à travers un prisme eurocentrique. Cette domination intellectuelle impose une lecture biaisée des réalités africaines. Il est donc primordial de distinguer le bon grain de l’ivraie.
Pour conclure cette première partie de l’analyse de la thèse de Joseph Kabila, qui fait près de 88 pages et que je tacherais de vous partager , celui-ci insiste sur la nécessité de prendre en compte les fondamentaux de la philosophie africaine dans l’interprétation des faits, tout en reconnaissant la pertinence de certains travaux scientifiques eurocentriques, auxquels il fait régulièrement référence dans sa thèse. Cependant, il souligne que l’Afrique doit impérativement se détacher des idées colonialistes pour penser par elle-même, en s’appuyant sur son histoire et sa culture. À ce propos, il affirme :
« Cependant, contrairement à la pensée philosophique eurocentrique et plus particulièrement, cette thèse est fermement et profondément ancrée dans la tradition philosophique africaine : c’est-à-dire qu’elle est ancrée dans l’histoire, le patrimoine, la culture, la tradition et la pensée intellectuelle de l’Afrique, avec la capacité de remettre en question les idées occidentales. La philosophie africaine résume les croyances morales et les valeurs de l’histoire africaine à travers la sagesse des descendants africains. C’est la pratique consistant à résoudre les problèmes africains en s’engageant dans la culture et l’histoire de notre continent et de ses habitants. »
… To be continued
Yori Ndjoli sur https://x.com/yndjoli/status/1867575849429381378?s=46&t=z0t_CUzZNwBdlvY0_zipfQ