Evénement inattendu au sommet extraordinaire de la CAE – Lamentations de Félix Tshisekedi à Bujumbura : aveu d’un leadership handicapant pour la RDC ! Evénement inattendu au sommet extraordinaire de la CAE –
Il n’avait pas à s’adresser publiquement et directement au général kenyan Jeff Nyagah, commandant de la Force régionale de l’East african community, comme il l’a fait le 4 février 2023 au Burundi, surtout après la clôture du sommet extraordinaire consacré à la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. Et encore, en interpellant quasiment son homologue kényan Ruto qui devrait bien se demander si le chef de l’État congolais avait connaissance des convenances diplomatiques…
C’est vraiment en kinois que Félix Tshisekedi a réagi en s’adressant au général Jeff Nyagah qu’il a aperçu dans le hall du palais où venait de se tenir la réunion. Et c’est aussi en kinois que ses fans et fanatiques se sont réjouis du spectacle.
Certes, il lui a prodigué des conseils pour gérer l’opinion de la population du Nord Kivu en général, de Goma en particulier. « Ne favorisez le M23. Ce serait dommage que la population s’en prenne à vous. Vous êtes venus pour nous aider et non pour avoir des problèmes. Soyez attentifs à cela, communiquez avec la population », lui a-t-il dit.
Mais, il s’y est très mal pris puisque la population traumatisée y a perçu ce qu’elle ne pouvait qu’en percevoir : un aveu d’impuissance.
Conséquence dramatique : la ville de Goma a effectivement brûlé le 6 février 2023, et l’incendie a failli s’étendre sur tout le Nord-Kivu, sinon l’ensemble du Kivu et l’Ituri, si seulement le lendemain, les Fardc n’avaient pas décidé d’y remettre de l’ordre au centre-ville par une marche d’endurance pendant que dans la périphérie, un convoi de la Monusco a été attaqué et brûlé par la population, et mort d’hommes s’en est suivie. Après un bilan de trois personnes tuées par les éléments de la Mission onusienne probablement en leur corps défendant, il s’avère plutôt qu’il y a eu 8 morts.
SCÈNE SURRÉALISTE
Quel que soit l’argument que ses proches vont avancer, Félix Tshisekedi n’aurait jamais dû se livrer en spectacle comme il l’a fait à Bujumbura. Il venait, en effet, de participer à des discussions avec ses pairs. C’est au cours de la séance de travail à huis clos qu’il devrait rapporter à ses homologues les reproches de la population à la Force régionale, mêmes reproches faits d’ailleurs à la Monusco. C’est au cours de cette séance qu’il aurait dû réclamer la présence du commandant de la Force régionale pour l’interpeller.
Ce serait surprenant qu’au moment où il entrait dans la salle, il n’ait pas eu dans son aide-mémoire ce point précis. On imagine bien que s’il ne l’avait pas aperçu dans le hall, il aurait quitté Bujumbura sans s’adresser au général kenyan.
C’est le discrédit qu’il a jeté sur la fonction présidentielle au pays. Ce que aucun de ses prédécesseurs n’a fait. Un Président de la République, ça ne se plaint pas en public, surtout pas en terre étrangère, des malheurs qui lui arrivent. Il reste droit dans ses bottes.
Or, à Bujumbura, avec cette scène surréaliste d’un chef d’Etat en train de tancer un général d’une armée étrangère venue en opérations militaires dans son pays, Félix Tshisekedi a faire rire sous cape ses homologues du Burundi, de la Tanzanie, de l’Ouganda et du Kenya.
Paul Kagame a dû se réjouir de voir son accusateur accuser lui-même une telle faiblesse dans son leadership. D’ailleurs, pour en rajouter, s’adressant le 9 février 2023 au corps diplomatique accrédité au cours d’un dîner, le président rwandais a dit du chef de l’Etat congolais qu’il « a déshonoré des dizaines d’accords qu’il a conclus avec d’autres personnes », se référant au communiqué du gouvernement publié juste après la diffusion du communiqué final du sommet extraordinaire d’Eac.
En plus, Félix Tshisekedi aurait dû savoir que le général Jeff Nyagah obéit d’abord au président kenyan Ruto avant le président congolais.
THÈSES COMPLOTISTES
Le problème avec lui, c’est sa propension à croire qu’il a des compétences dans toutes les matières, même celle relevant des opérations militaires. On dirait qu’il croit exercer sur l’armée la même autorité qu’il a sur ses combattants.
La méfiance de la population de l’Est à l’égard de la Force régionale, c’est lui, et lui seul qui l’a suscitée en annonçant le premier, en septembre 2022, l’entrée par Bunagana des troupes de cette mission.
Pourtant, il était conscient des affrontements inévitables avec le M23 (donc le Rwanda) si le déploiement s’était fait selon sa volonté.
En se substituant aux experts en matière de sécurité militaire, Félix Tshisekedi est finalement en train de se compliquer la vie aussi bien au niveau national et régional qu’au niveau continental et international.
La pique que vient de lui envoyer Paul Kagame (non-respect des accords diplomatiques, politiques, économiques etc. conclus avec des partenaires) atteste un leadership faible.
Comme un malheur ne vient jamais seul, en visite récemment à Kinshasa où elle a été reçue par le président de la République, la ministre belge des Affaires étrangères a conditionné la revue à la hausse de l’aide de son pays notamment pour les Fardc à « un climat positif ». Ce qui sous-entend que le climat de l’est pas. D’ailleurs, elle va se permettre d’affirmer qu’« On ne peut pas apporter davantage de soutien sans une amélioration de la gouvernance ».
Quatre ans après son investiture, chercher à s’attirer la sympathie populaire avec des thèses complotistes au pays et à l’étranger n’a qu’une signification pour Félix Tshisekedi : l’aveu d’un leadership vraiment handicapant pour le peuple congolais !
Barnabé KIKAYA Bin Karubi
Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur, Ancien Député, Professeur à l’Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
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