Pays soupçonné de financer le terrorisme : Qatar ou le mauvais choix du président

Arrivé à Doha le dimanche 28, reçu en audience par les autorités qataries le lundi 29 et promené dans les installations aéroportuaires de Qatar Airways dans une golfette le mardi 30 mars 2021, Félix Tshisekedi ne peut pas se comparer à Ulysse, le héros grec qui mit dix ans ailleurs avant de revenir à son île d’Ithaque après la guerre de Troie. D’où, dans la mythologie, l’expression « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ». Et pour cause !
Si on peut dire de ce déplacement qu’il soit positif dans les effets d’annonce avec des accords sur ceci ou sur cela – sans la présence des ministres concernés faute de gouvernement plénipotentiaire (Doha n’a pas mis en face de la ministre congolaise des Affaires étrangères son collègue qatari mais plutôt celui des Transports) – on ne peut pas en dire autant de la diplomatie. Pour la bonne et simple raison qu’en 2017, une sanction internationale avait été prise à l’endroit du Qatar pour soupçon de financement du terrorisme mondial.
Des pays arabes forts, soutenus par les puissances occidentales très pointues en la matière (Etats-Unis à leur tête), avaient mené le front anti-Doha.
D’ailleurs, le 11 juin 2017, TV5 Monde, dans un article portant le titre « La crise entre l’Arabie Saoudite et le Qatar, exportée en Afrique », rapporte que « L’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Yémen, l’Egypte et les Maldives ont annoncé lundi 5 juin 2017, rompre toute relation diplomatique avec le Qatar, accusé de ‘soutenir le terrorisme’, entraînant notamment une suspension des vols de plusieurs compagnies aériennes à destination ou en provenance du Qatar ».
Plusieurs pays africains s’étaient sentis concernés à cause du potentiel terroriste pesant sur eux : Sénégal, Niger, Tchad, Ouganda, Kenya, Soudan.
DEVOIR PATRIOTIQUE
Que Fatshi se rende au Qatar au lendemain de la reconnaissance pour le moins tardive, par Washington, de la présence du Daesh à l’Est de son pays pendant que s’ouvrait à Kinshasa un dialogue intercommunautaire réservé aux tribus du Sud Kivu, dont, cités par sa maison civile, les Babembe, Babuyi, Bafuliru, Banyamulenge, Banyindu, Barundi et Bavira, il y a sincèrement de quoi s’interroger sur le sens exact de son séjour à Doha.
Ce voyage, en effet, a tout l’air d’avoir précipité puisqu’ayant eu lieu après l’audience accordée à Donald Booth, représentant du Bureau/Afrique au Département d’Etat en début de semaine.
Serait-ce pour obtenir du Qatar le non financement du terrorisme dans son pays ? On le souhaite bien, même si le doute est permis dans la mesure où le terrorisme islamique a tout d’une hydre, animal marin ayant une capacité régénératrice inouïe chaque fois qu’il perd un de ses membres.
La question ne peut pas ne pas alors se reposer : qu’est-ce que Félix Tshisekedi est allé chercher précipitamment au Qatar, Etat réputé financer les activités terroristes, et auquel il a arraché le financement du port en eaux profondes de Banana, projet initié mais bloqué par son prédécesseur dès que les soupçons du financement du terrorisme se sont avérés ?
Si c’est l’assèchement du robinet du financement de Daesh, bonne chance à lui. Mais, dès lors que ce rapprochement se produit au moment où la diplomatie américaine est à la recherche, en Afrique, d’un nouveau terrain inflammable après la Lybie et les zones occidentale, orientale et zone australe à feu et à sang, le brasier serait finalement le Congo.
Reste à Félix Tshisekedi de convaincre l’opinion que le Qatar est un bon choix. Son choix. Car le terrorisme a la particularité de frapper là où il en a la possibilité.
Daesh, qui l’incarne maintenant, vient d’en faire la démonstration à Palma (Mozambique) en visant les intérêts stratégiques occidentaux dans les hydrocarbures. (Total, Exxom, Eni).
Depuis 2015, Washington a fait la sourde oreille aux appels incessants et pressants de Kinshasa dénonçant l’invasion islamique sur la partie Est. Autant il est bon de voir les Américains se réveiller maintenant, autant les Congolais ont le droit de savoir pourquoi le choix de Doha qui, jusque-là, reste dans le collimateur des Etats en lutte contre le terrorisme. Dont l’Egypte où il venait d’obtenir des promesses de financement de plusieurs infrastructures.
Tirer la sonnette d’alarme devient à ce moment un devoir patriotique.

Barnabé Kikaya Bin Karubi
Ancien Député, Professeur, Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
www.kikayabinkarubi.net | Twitter: @kikayabinkarubi
Monsieur l’ambassadeur KBKB toujours prévoyant un patriote averti
Tirer la sonnette d’alarme devient à ce moment un devoir patriotique.
Mon prof please vous m avez bloquer sur Twitter par mégarde prière me débloquer
Vos Tweets intelligents me manquent
@sergebonane
Merci bcp Prof KBKB
Bonjour,
Moi je pense que, Si et seulement si que le Qatar finance les groupes armés à L’EST. Le but du voyage de FATSHI serait d’implorer au Qatar de ne plus le faire et de leur proposer de prendre tous les minerais soit disant qu’il vole à L’EST par une voie officielle celle de la coopération.
My question is why the Middle East ? Mr Joseph Kabila recently traveled to Dubai and now is the current president who is in Doha … can we elaborate any possible link between the two travels ?