LAISSEZ JOSEPH KABILA TRANQUILLE

Sur les réseaux sociaux dont l'obédience ne fait l'ombre d'aucun doute, c'est Joseph Kabila qui redevient la bête noire des affidés du système. Alors qu'ils devraient se réjouir des performances de leur pouvoir affichées dans les médias au point même de brandir des messages de félicitations en provenance du pays de l'Oncle Sam sans porter le visa de l'ambassade des États-Unis en République Démocratique du Congo (depuis un certain temps, c'est pourtant la pratique qui s'observe), ces affidés s'organisent pour ne pas en évoquer les effets sur le quotidien des Congolais …
Rien de nouveau sous le soleil.
Au contraire, ils réservent à la population le plat le plus alléchant : la “méchanceté” de Joseph Kabila !
Comme hier quand il fallait pour l’Opposition justifier tous les malheurs du pays, voilà l’UDPS au pouvoir en train d’entretenir le même discours, et cela au moment où dans certains milieux avertis, on fait état des contacts pour un dialogue en vue.
En effet, on laisse entendre qu’ayant réalisé l’impossibilité de tenir les élections dans les délais constitutionnels, le régime en place entend s’inspirer du schéma auquel le régime précédent a eu recours à son époque, celui des pourparlers avec les forces politiques et sociales ayant pignon sur rue : frondeurs de l’Union Sacrée (Ensemble de Moïse Katumbi, RCD/KML d’Antipas Mbusa), mais aussi Lamuka du duo Fayulu-Muzito , et sans doute le FCC de Joseph Kabila).
Sachant d’avance que le morceau le plus dur est ce dernier, quoi de plus normal de la part des affidés du pouvoir que de recourir à la diabolisation de laquelle ils espèrent la disqualification ou, tout au mieux, l’affaiblissement avant les négociations.
Quelqu’un objecterait que cette histoire de dialogue pré-électoral est un mensonge, la vérité étant du côté de l’UDPS puisqu’à en croire Augustin Kabuya, le parti présidentiel est prêt pour les échéances électorales en 2023.
A moins de certifier que l’UDPS est un Parti-Etat, il est bon de faire le distinguo entre le Parti (libre de dire ce qui lui passe par la tête pour maintenir le moral des militants) et le Pouvoir. L’UDPS est le parti du Pouvoir (à l’instar du MLC, de la CCU, d’Ensemble, de l’UNADEF, de l’UNAFEC etc.), mais sans être toutefois le Pouvoir.
Ce dernier comprend le Président de la République, l’Assemblée Nationale, le Sénat, le Gouvernement ainsi que les Cours et Tribunaux au niveau national.
Le Président de la République – en l’occurrence M. Félix Tshisekedi – n’a pas besoin de l’UDPS pour contacter les partenaires et les adversaires en vue d’un dialogue. Il a son propre réseau constitué de membres de son cabinet : Directeur de Cabinet (ou ses adjoints), Conseiller Politique, Haut Représentant ou Conseiller Spécial en matière de sécurité.
Pour avoir été dans le cercle restreint du pouvoir sous Joseph Kabila, j’affirme qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
VOUS AVEZ DIT : “LE PEUPLE D’ABORD?”
Cependant, le nouveau sous le soleil, c’est cette entreprise de l’UDPS de garder les mêmes méthodes de discrédit et de diabolisation sur les partenaires et les adversaires hier dans la rue, aujourd’hui aux affaires.
Le nouveau sous le soleil, c’est le fait de donner l’impression de ne pas savoir qu’une fois aux affaires justement, on ne cherche pas de bouc-émissaire pour justifier ses contre-performances.
Depuis octobre-novembre 2020, Félix Tshisekedi a réalisé son plan d’exclure le FCC, donc la famille politique de Joseph Kabila, de la gestion de la chose publique.
De janvier à mars 2021, ce plan a été consommé au niveau de l’Assemblée Nationale et du Sénat avec une nouvelle majorité parlementaire acquise à sa cause.
Tout ce qui s’apparente à Kabila est vidé de la gestion des provinces et des entreprises publiques.
Certains partenaires occidentaux félicitent ouvertement le chef de l’Etat de ses ou ces exploits.
Et chaque jour sinon chaque semaine, sont balancés dans les médias des chiffres croissants au titre des recettes budgétaires. Ce qui est une bonne chose.
Curieusement, ces chiffres sont sans impact sur le social du congolais lambda. Des chantiers annoncés avec fracas sont arrêtés faute de financement. Non seulement que le Franc Congolais ne se raffermit pas face au Dollar américain, mais les prix des denrées de première nécessité ne baissent pas.
Au lieu de répondre aux préoccupations légitimes des Congolais de savoir pourquoi les performances avancées sont sans impact sur le vécu du peuple, la communication du pouvoir et de l’UDPS dérive sur…Joseph Kabila, Augustin Matata Ponyo, Général John Numbi, Barnabé Kikaya Bin Karubi, Richard Muyej, Emmanuel Ramazani Shadary, Zoé Kabila etc.
A bien analyser les faits, on en vient à se demander en quoi les choses du passé empêchent Félix Tshisekedi de travailler en marquant son mandat avec ce que le peuple en attend !
Tout en politique, en économie et en social obéit à sa volonté.
EN PLEIN DANS LA NAVIGATION A VUE
Aujourd’hui, il se passe au pays une situation de tout ce qu’il y a d’insolite.
Sait-on qu’à moins de 24 mois (deux ans) de la fin du mandat, on ne sait pas formellement quel est le programme de gouvernement en exécution ?
Tenez !
- en prévision de la campagne électorale de 2018, Félix Tshisekedi bat campagne avec un programme ;
- le jour de prestation du serment, Félix Tshisekedi présente un programme différent de celui de la campagne ;
- le jour d’investiture du Gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba, Félix Tshisekedi approuve un autre programme tout aussi différent de celui de l’investiture ;
- le jour d’investiture du Gouvernement Sama Lukonde, Félix Tshisekedi donne sa caution à un programme de gouvernement davantage différent des précédents.
- Et pas plus tard que la semaine dernière, le Gouvernement – sous
son autorité – propose un plan d’industrialisation du pays pour 30 ans, comme si les programmes précédents ne l’avaient pas prévu.
Au final, on est dans la navigation à vue.
Dès lors que c’est cela même l’évidence, pourquoi continuer de tirer sur Joseph Kabila et sa famille politique pendant qu’au même moment, on actionne le schéma du dialogue devenu inéluctable, les élections de 2023 ayant été rendues hypothétiques par la volonté des tenants du pouvoir ?
C’est un imbroglio artificiellement entretenu avec la faiblesse de ne pas l’être savamment.
Et quand un plan suinte de toutes parts, comme il en est le cas aujourd’hui, c’est qu’il a été mal concocté.
Suffisamment mâture, le peuple congolais comprend de moins en moins ces tirs croisés sur Joseph Kabila qui a accepté l’humiliation d’être réduit au silence, et que l’on veut rendre responsable d’une gestion de laquelle il a été délibérément exclu !
C’est à croire qu’un bien mal acquis ne profite jamais…

Barnabé KIKAYA Bin Karubi
Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur, Ancien Député, Professeur à l’Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
www.kikayabinkarubi.net | Twitter: @kikayabinkarubi
Voilà un esprit supérieur la ténacité