RDC: la présence de l’ex-président Joseph Kabila à Goma pose d’importantes questions

Les proches de Joseph Kabila assurent que l’ex-président congolais n’est pas à Goma pour prendre la tête de l’AFC-M23. Mais Kikaya Bin Karubi, ancien ambassadeur et ancien ministre, et proche collaborateur de l’ancien président, nuance et explique les rapports avec la rébellion.
Joseph Kabila vient-il prendre la tête de l’AFC-M23 ? «Le président Kabila, il l’a dit dans son discours, est prêt à travailler avec quiconque aime passionnément le Congo, explique Kikaya Bin Karubi, au micro de Patient Ligodi, du service Afrique de RFI. Alors si l’AFC-M23 prouve qu’il aime passionnément le Congo, comme le président Kabila le souhaite, pourquoi pas ? L’AFC-M23 veut mettre fin à la dictature et c’est un des objectifs, une des premières conditions pour que la situation redevienne normale en République démocratique du Congo(RDC) », assure Kikaya Bin Karubi.
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Quand Joseph Kabila était au pouvoir, il a combattu le M23. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, le clan Kabila veuille s’allier avec ce même mouvement ? « Nous avions combattu le M23 en son temps et les raisons qui ont poussé le M23 à prendre les armes en 2012 ne sont pas les mêmes que celles qui le pousse à prendre les armes aujourd’hui », explique Kikaya Bin Karubi.
Et d’ajouter : « Le M23 était allié au gouvernement de Monsieur Tshisekedi. Ils ont séjourné pendant longtemps à Kinshasa. Ils ne se sont pas entendus sur un certain nombre de choses, tout comme nous, nous ne sommes pas d’accord avec un certain nombre de choses et ces objectifs convergent aujourd’hui. Et encore une fois, tous ceux qui peut concourir à mettre fin à la tyrannie et à la dictature, nous sommes prêts à travailler avec eux ».
Le porte-parole du gouvernement accuse Joseph Kabila de vouloir faire la guerre
« Ils ont séjourné pendant longtemps à Kinshasa. Ils ne se sont pas entendus sur un certain nombre de choses, tout comme nous, nous ne sommes pasd’accord avec un certain nombre de choses et ces objectifs convergent aujourd’hui. » « Et encore une fois, tous ceux qui peut concourir à mettre fin à la tyrannie et à la dictature, nous sommes prêts à travailler avec eux. »
L’immunité de Joseph Kabila a été levée et la justice a été autorisée par le Sénat à le poursuivre pour, notamment, trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. Depuis l’annonce de la présence de Joseph Kabila à Goma, le gouvernement congolais s’était abstenu de commenter. Mais mardi 27 mai, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, l’a accusé de vouloir faire la guerre.
« Nous sommes dans un contexte démocratique où lui et son parti avaient fait le choix de ne pas participer aux élections. Lorsque vous venez dire que vous allez mettre fin à la tyrannie, vous y mettrez fin de quelle manière ? », interroge le ministre et porte-parole du gouvernement congolais.
« Il faut dire aux compatriotes qui sont à Goma, aujourd’hui ou qui sont dans les autres parties sous occupation, le message qui leur est destiné, c’était : “Apprêtez-vous, on va faire la guerre !” Il ne faut pas se cacher. Et donc, lorsque je dis que c’est l’homme du passé, c’est justement ce passé-là dont les Congolais n’ont plus besoin : le passé de la guerre, le passé de la compromission de nos minerais, notamment avec le Rwanda, le passé de la corruption, le passé de la concussion. »
« Nous avons déjà largement dit ‘non’ à cela et aujourd’hui, je pense que nous tous, nous devons nous focaliser derrière le président de la République, sur comment nous terminons la guerre avec le Rwanda. Tous ses supplétifs sont traités à un niveau plus bas. »
« C’est contradictoire avec toute la lutte menée »
Mardi 27 mai, à Kinshasa lors de la conférence de presse du gouvernement, aux côtés de son collègue de la Communication et des médias, l’ex-gouverneur du Nord-Kivu pendant 12 ans et ministre du Commerce Extérieur, Julien Paluku, a fait part de sa désillusion. « Je connais l’ancien président. Je suis en train de poser la question. Si c’est une silhouette, la personne que je connais n’aurait pas dû se retrouver à Goma au regard de toute la lutte qui l’a mené. Dans les 30 ans d’instabilité de la RDC, il y a quand même 18 ans (durant lesquels) il a subi de la pression rwandaise », a-t-il dit au micro de Pascal Mulegwa, notre correspondant à Kinshasa.
« Maintenant, s’il est à Goma, c’est qu’effectivement ça va donner cette connivence avec le M23. Ce qui est contradictoire avec toute la lutte menée, se retrouver dans les mains des officiers qu’il a radiés des forces armées, il va porter tous les déboires et ça, c’est grave : les massacres de Kishishe, de Bunagana, de Ntamugenga, avec les nombres de morts, toutes les violations. Donc, vraiment, cette personne-là accepte de porter tous ces chapeaux-là à son actif. »
Et d’ajouter : « J’en appelle à la mobilisation générale de la population congolaise, particulièrement celle du Nord-Kivu. Ce n’est pas possible que la personne contre laquelle le président s’est battu, Paul Kagame, que ça soit chez lui où il (Joseph Kabila.-NDLR) est passé pour entrer dans la ville de Goma. Ce n’est pas possible ! »
Par https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250528-est-de-la-rdc-l-ex-gouverneur-du-nord-kivu-juge-grave-une-présence-de-joseph-kabila-à-goma