Nicolas Kazadi, la pire contre-attaque

L’ancien ministre des Finances a décidé de lancer sa contre-offensive à la faveur d’une émission voulue et tournée en lingala pour atteindre un grand nombre du public. Accablé par la série de présumés scandales des paiements en mode d’urgence, des chantiers inachevés -notamment le Centre financier de Kinshasa et Kinshasa Arena-, des lampadaires et des forages -ce dernier dossier semble ne pas vouloir le lâcher malgré la décision du Parquet-, l’ancien argentier national a préféré jouer la carte de la victimisation, tout en procédant à un dézingage en règle de son propre régime via des attaques contre certaines initiatives du président de la République, Félix Tshisekedi, et des flèches emprisonnées contre son entourage «jouisseur», en s’en prenant à la presse, présentée comme auxiliaire de ses bourreaux.
Du Président de la République, par exemple, Chef du Régime Udps-Union sacrée, Kazadi a affirmé sans détour qu’il est mal entouré et mal conseillé avant d’avancer que lui-même, que l’on disait ne répondre directement que du même Félix Tshisekedi, aurait personnellement été victime de ce mauvais entourage présidentiel.
«On disait toujours que le Président est mal entouré et que son entourage le conseillait mal et on me citait aussi dans cet entourage. Mais je peux vous assurer que moi-même j’ai subi les affres de cet entourage et leurs mauvais conseils. Donc, je confirme que le Président à un mauvais entourage», a déclaré Kazadi. Puis: «Nous aimons beaucoup la jouissance. L’argent des projets, on le partage d’abord et on réfléchit après. Quand l’argent sort, partageons-le d’abord et on réfléchira plus tard sur le projet».
Puis encore: «Quand les frais de fonctionnement sortent, on se paie des salaires, on s’octroie des primes et on réfléchit plus tard». Et même cette révélation épinglée par le site en ligne Congo Guardian: «Durant tout le premier mandat, l’État a créé 53 services et établissements publics en cours d’année, c’est-à-dire sans qu’ils n’aient été budgétisés. Puis on se met à recruter sans limite et après ça devient un problème», a déploré l’ancien argentier. La stratégie n’est pas une nouveauté. Depuis qu’il était aux affaires, à chaque nouveau dossier explosif, chaque nouvelle révélation chaude, ses proches et ses relais ont toujours recouru au même argumentaire: «on ment sur Kazadi». Cette fois-ci, l’intéressé a levé l’option de se défendre personnellement dans l’arène. Mais ce discours victimaire s’est révélé la pire contre-attaque: il a plutôt provoqué un retour de flammes même dans son propre camp et contribué à rogner le peu de crédit dont il pouvait encore se targuer.
À l’UDPS, certains combattants membres de la Force du progrès ont plaidé pour un châtiment sévère contre Kazadi, l’accusant d’avoir franchi la ligne rouge et évoquant un outrage au Président de la République…
Du pain béni pour l’opposition, où le député national Ensemble pour la République, Christian Mwando a lâché la boutade suivante: «Monsieur le Ministre @nskazadi, lorsqu’on est un homme d’État, on démissionne de ses fonctions pour marquer son désaccord avec des pratiques mafieuses. On n’attend pas d’être viré pour dénoncer les pratiques dont on a été complice!»
«Nicolas a versé beaucoup de larmes de crocodiles. L’argentier du Régime de l’Union Sacrée qui a nourri à coup des milliards de dollars la mauvaise gouvernance du pouvoir est venu se confesser devant le peuple congolais toute honte bue», a jugé dans un communiqué l’Observatoire de la dépense publique -ODEP- pour le compte de la Société civile alors que sur son compte X, Stavros Papaionnaou, l’ancien patron de l’ex-compagnie aérienne Hewa Bora, a adressé à Nicolas Kazadi une série de questions auxquelles il devrait s’expliquer sur la régularité ou non du marché des lampadaires. Les réseaux sociaux, eux, ont explosé avec des commentaires indiquant que l’ancien ministre des Finances n’est pas aimé dans l’opinion, pas prête à ménager un gestionnaire qui a payé à 300.000 dollars contre un forage -même si certains prétendent qu’il est solaire et mobile- ou 13 millions de dollars pour un marché des lampadaires jamais installés partout où ils étaient attendus.
Par Natine K. sur https://www.africanewsrdc.net/featured/nicolas-kazadi-la-pire-contre-attaque/