Les insolites de l’Etat de Droit en RDC

Double douche froide pour l’Udps : Vital Kamerhe enfin libre pendant que Kalubi Mbuyamba, alias Jules Monyere est aux arrêts !
Condamné en premier ressort à 20 ans et en second ressort à 13 ans, Vital Kamerhe a vu sa peine entièrement annulée !
Ainsi, le premier directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et président national de l’Unc est blanchi. Évidemment, il a droit à des réparations pour imputations dommageables.
Le dernier jour de son procès voulu retentissant puisque retransmis en direct sur les antennes de la Rtnc, il s’était fait prophète pour lui-même.
Au cours justement de ce procès, il avait fait la déclaration de foi selon laquelle il préférerait mourir que de produire les lettres portant les annotations du chef de l’État l’autorisant d’engager des dépenses affectées au Programme des 100 Jours.
L’insolite pour ce procès s’est produite dès l’instant où le ministère public a oublié d’exiger la production de ces annotations pendant que l’opinion s’est rendue compte que le procès s’est limité au dossier ” Maisons préfabriquées ” alors qu’en toute logique, était concerné le Programme dans tous ses aspects : routes (avec saut-de-mouton), écoles, hôpitaux, électricité, eau…
Pas de place à l’amnésie : le Projet avait été évalué à 497 millions de dollars totalement absorbés avant même l’investiture du gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
En effet, dans son premier discours d’état de la nation, Félix Tshisekedi avait informé la représentation nationale que le Programme des 100 Jours avait été retiré du cabinet du président de la République pour gouvernement, sans cependant préciser si c’était avec ou sans le financement correspondant !
Que Vital Kamerhe soit blanchi, c’est la preuve que la justice peut aussi se tromper. On ne peut que saluer son mea culpa.
N’en déplaise alors d’abord à l’Igf, ensuite à l’Udps, ou tout au moins à sa base qui apprend à ses dépens les insolites de l’Etat de Droit.
L’une de ces insolites, et sans doute la plus désopilante, c’est l’arrestation de Jules Monyere, de son vrai nom Kalubi Mbuyamba.
On le croyait blanchi sous le harnais : on découvre plutôt sa face véritable. Celle d’un ” leader pleurnichard “. La vidéo fait le buzz, comme on dit. Le leader des “Parlementaires-debout” qui fait trembler les animateurs des institutions publiques assis à même le sol, menotté, en train de trembler ! Qui l’eut cru ?
Celui-là même qui a fait de l’injure facile son arme politique, particulièrement envers les femmes, mais en être aucunement inquiété par la justice. Le cas le plus patent est celui de Madame Jeanine Mabunda, première femme à la tête de la chambre basse du parlement RDCongolais qui a eu à être insultée dans son intimité de femme, à travers une vidéo devenue virale dans les réseaux sociaux.
Alors qu’il est conscient d’avoir été interpellé pour son discours discriminatoire à l’égard des Tutsi mettant en mauvaise posture le chef de l’État au dernier sommet de l’Eac (la vidéo le présente en train de mobiliser sa base pour une chasse aux sorcières à des endroits qu’il cite par leurs noms et par ceux des propriétaires), au lieu de s’assumer, Jules Monyere détourne plutôt l’opinion en imputant sa mésaventure au secrétaire général Augustin Kabuya.
Il prétexte tantôt de ” détournement ” par ce dernier de la cotisation qu’il a, lui, initiée en faveur des militaires au front, tantôt de la désintégration du parti par le même secrétaire général de l’Udps.
Préstation lamentable : Jules Monyere en appelle, pour sa libération, à l’intervention du président de la République, de son épouse Denise Nyakeru et de sa mère Marthe Kasulu. Preuve qu’à l’Udps, la ” Base ” a été préparée à voir l’une ou l’autre de ces trois personnalités disposer de la capacité d’instruire la Justice pour le libérer. Or, la Justice est indépendante, déclare la constitution.
De toutes les façons, par Jules Monyere, ” Yoka Base ” comprend enfin la différence entre proclamer l’Etat de Droit dans la rue et le voir s’appliquer par les Cours et Tribunaux.
Au point où on en est, ” Yoka Base ” réalise une évidence qu’elle n’a jamais saisie : s’il va devoir choisir entre Vital Kamerhe et Jules Monyere, Félix Tshisekedi choisira le premier et sacrifiera le second.
Le Pouvoir a sa lecture des enjeux politiques qui n’est pas forcément ceux de ” Yoka Base “.
Belle leçon pour un certain pasteur appelé Guily et ses acolytes, contraints à comprendre que l’État de droit fonctionne autrement qu’il ne le croit jusque-là.
Par Olivier Ndua