Hommage à Paul Bondo et Angelo Mobateli

La Presse congolaise est doublement éprouvée avec deux décès en l’espace de 24 heures : Paul Bondo Nsama (fondateur du journal Étoile devenu Salongo), la nuit du lundi 6 au mardi 7 juin 2022, et Angelo Mobateli (rédacteur au journal La Tribune devenu Elima), la nuit du dimanche 5 au lundi 6 juin !
Unis par la plume – quoique le premier patron de presse et le second agent de l’ami de ce dernier (feu Thy-René Essolomwa), et même si c’était sous le Mpr Parti-Etat – ils avaient l’un et l’autre le sens des règles de la Déontologie et de l’Éthique.
A cette époque, la majorité des journalistes était certes formés sur le tas, mais qu’est ce qu’ils savaient écrire: Théophile Ayimpam, Maximilien Liongo, Makuta, Joseph Mbungu. Laurent Bariko, Jean Motingia, Cyrille Momote, Mwissa Camus, Dema Pfambon, Gabriel Makosso, Alphonse Nguvulu, Antoine Ngwenza, Pierre Tona Masesa, Clément Vidibio. Ils avaient en commun le respect de la profession via le respect de l’autre.
Et quand l’Institut des sciences de l’information (Isti) va s’installer avec à sa tête le Pr Paul Malembe Tamandiak, la profession jouira d’une notoriété qui rejaillira sur plusieurs pays africains.
Paul Bondo Nsama ouvrira son journal à une génération des professionnels qui seront encadrés directement par des collaborateurs de la génération Angelo Mobateli.
Au moment où, par un étrange concours des circonstances, Angelo précède de quelques heures Bondo dans l’au-délà, nous qui les avons vu évoluer – et moi particulièrement en tant que journaliste puis ministre de la Communication et Médias – avons un, pardon avons LE devoir de leur dire M-E-R-C-I.
Jusqu’au bout, ils ont fait ce que toutes les écoles de journalisme enseignent aux professionnels des médias, toutes les familles apprennent à leurs enfants, toutes les organisations à leurs membres : le respect de l’autre, au-delà du débat d’idées.
Du coup, cette double disparition qui m’a ramené aux années de ma jeunesse qui me faisaient rêver du journalisme, me plonge avec violence dans le présent et me rappelle cette citation d’Umberto Eco : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui avant, ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui, ils ont le même droit à la parole qu’un prix Nobel ».
Adieu Paul, adieu Angelo. Vous m’avez appris à être poli, à garder mon calme, à remercier mes abonnés et que gérer un compte sur les réseaux sociaux, c’est un apprentissage de la patience, de la maitrise de soi, le sens de l’abnégation.
Reposez en paix, chevaliers de la plume

Barnabé KIKAYA Bin Karubi
Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur, Ancien Député, Professeur à l’Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
www.kikayabinkarubi.net | Twitter: @kikayabinkarubi