Violences contre les lois Minaku/Sakata : la fuite en avant de l’Udps

L’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) décline toute responsabilité des attaques contre le Palais du peuple et des violences qui ont émaillé les manifestations de ses militants à Kinshasa et en provinces pour protester contre les lois Minaku-Sakata. Dans une déclaration publiée jeudi 26 juin 2020 par son porte-parole a.i., le parti présidentiel rappelle son communiqué précédent pour faire savoir qu’elle n’a jamais donné de mot d’ordre de manifestation. L’Udps a plutôt promis de le faire si le FCC (Aubin Minaku et Garry Sakata) ne retire pas ses propositions de lois jugées attentatoires à l’indépendance de la magistrature.
Le parti tshisekediste fait savoir qu’il détient toujours son mot d’ordre qu’il se réserve le droit de donner au cas où les lois qu’il rejette ne sont pas retirées.
Les dénégations de l’Udps interviennent alors que fusent, de toutes parts, des appels aux poursuites judiciaires pour les actes de violence qui ont émaillé les activités de ses militants. Si le parti présidentiel nie avoir largué ses militants, des témoignages (vidéos, photos et témoins oculaires) sont légion pour démontrer son rôle dans ces mouvements de masse à Kinshasa comme en provinces. A Kinshasa, par exemple, la principale procession vers le Palais du peuple, est partie du siège de Limete où des militants surexcités avaient passé la nuit.
Les preuves qui accablent le parti présidentiel
Tôt le matin du mardi 24 juin, les premiers passants témoignent avoir assisté à des scènes d’hystérie au niveau du siège du parti où, comme pour une mise en train, la foule des militants scandaient des chansons belliqueuses tout en brûlant des pneus sur le petit boulevard et sur le boulevard Lumumba. Le tout se déroulait dans un spectacle de va-et-vient des motos.
Une procession motorisée et pédestre s’est ensuite engagée sur le boulevard Lumumba en direction du Palais du peuple en passant par le boulevard Sendwe. D’autres petits groupes ont emprunté d’autres voies pour se retrouver autour du siège du Parlement. C’est d’ici que partiront une partie des assaillants à la recherche des domiciles et propriétés des membres du FCC, soit les slogans de l’opération « Toyebi ndako ».
A Mbuji-Mayi, les manifestations sont également parties du siège de l’Udps et les militants arboraient clairement les insignes de ce parti. Dans les médias, les intervenants qui se sont exprimés sont des responsables de la fédération provinciale de l’Udps. Il en est de même pour ce qui est de Tshikapa.
Cette description sommaire des événements dégage à suffisance la responsabilité, surtout morale, de l’Udps dans le déroulé de ces événements. La passivité même de la direction de ce parti pendant le déroulement des différentes actions s’y ajoute. En effet, l’Udps avait largement le loisir de dégager sa responsabilité au moment même du déroulé de ces événements, car c’est déjà en ce moment-là que son implication état énoncée et annoncée. Certains observateurs croient comprendre que la hiérarchie du parti présidentiel avait choisi de laisser faire, car toute déclaration dégageant sa responsabilité allait se retourner contre elle de la part des militants surexcités.
Le bilan qui fait peur à l’Udps
On peut, par ailleurs, comprendre la fuite en avant de l’Udps au regard de l’ampleur de la violence des militants qui lui sont attribués aussi bien à Kinshasa qu’à Lubumbashi, Mbuji-Mayi et Tshikapa. En effet, à Kinshasa et Mbuji-Mayi, ces manifestations se sont soldées, non pas seulement par la violation du Palais du peuple, siège du Parlement, mais par plusieurs autres actes attentatoires aux libertés publiques et au droit de propriété. En effet, selon une déclaration de la présidente de l’Assemblée nationale, une dizaine de députés nationaux ont été violentés et leurs véhicules caillassés.
Dans la ville de Kinshasa, trois journalistes ont été agressés et grièvement blessés, tandis que leurs véhicules ont été vandalisés ou emportés pour une destination inconnue. L’un d’entre eux, journaliste de Flash Info, a été copieusement tabassé et grièvement blessé sur le crâne au siège de l’Udps à Limete. Son chauffeur et sa voiture ont disparu. Le journaliste Claude Molisho de la RTNC a également été agressé physiquement et a connu une fracture à son bras gauche ainsi qu’une blessure sur le tibia droit, tandis que son véhicule a été endommagé sous des jets de pierre.
Autres actes de violence et de vandalisme, l’attaque du domicile d’un autre journaliste, Jean-Marie Kasamba où ses véhicules ont aussi été endommagés. Des immeubles appartenant à Kimbuta Yango et Ramazany Shadary, tous cadres du FCC, ont été attaqués et des biens emportés.
A Mbuji-Mayi, trois anciens collaborateurs de Ngoyi Kasanji, alors Gouverneur, ont vu leurs domiciles attaqués et détruits partiellement. Le même sort a été réservé au domicile de la mère de l’ancien gouverneur.
Pour toutes ces raisons, l’Assemblée nationale a décidé de porter plainte. Le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur a annoncé des enquêtes et le premier ministre a instruit le VPM de la Justice d’ouvrir des poursuites contre les manifestants déjà arrêtés et tous ceux qui seront identifiés après les enquêtes de son collègue de l’Intérieur.
Albert Osongo sur http://nouvellerepublique-rdc.net/?p=346&frame-nonce=7622c3c297