Eveil patriotique : Un cheval de Troie en plein Kinshasa, le péril qui guette la RD Congo.

A l’initiative d’Eveil patriotique, le Chef de l’Etat est poussé à se tirer une balle dans le pied et fragiliser ainsi son propre pouvoir et par là tout le pays si l’on n’y prend garde. Il y a d’abord la loi sur le statut des anciens Chefs d’Etat. Cette loi ne concerne pas que les Présidents de la République élus, dont lui-même. Elle s’applique aussi aux anciens chefs de corps constitués dont des acteurs politiques, des magistrats, des militaires, des policiers etc. Bras séculier de Genève 2018, Jean-Claude Katende entré dans le pré-carré de Félix Tshisekedi on ne sait comment, a assurément mission d’amener le chef de l’Etat à commettre l’irréparable.
Dans un article sur les réseaux sociaux, Serge Gontsho qui se réclame de la coordination nationale de l’Eveil Patriotique dit ceci : ” L’Éveil Patriotique ne va pas ralentir sa marche. Si la dénonciation contre Joseph Kabila devait être jetée à la poubelle pour cause d’invalidation des droits civiques de son auteur, une autre dénonciation sera déposée, dans les mêmes termes dans les tout prochains jours. Par ailleurs, à partir de ce lundi 18 mai, l’Eveil Patriotique ouvre le bureau d’enregistrement des dénonciations contre les principaux acteurs de la destruction du pays. Une plainte collective, ou plusieurs plaintes individuelles sont annoncées également sur la table du procureur“.
Autre chose, revenant sur la loi sur le statut des anciens chefs d’Etat, Serge Gontsho dit: “La loi inique et inconstitutionnelle de l’immunité des anciens chefs de l’état doit faire l’objet d’un débat intellectuel et citoyen honnête, et l’on n’hésitera pas à engager une pétition pour demander sa révision, ou son abrogation“.
Ces extraits sont tirés de l’article intitulé « L’AFFAIRE MUKUNA NE FRAGILISE PAS L’EVEIL PATRIOTIQUE » publié le 15 mai 2020 sur Internet. Serge Gontsho, a pris soin de ne pas engager sa fonction, comme pour dégager sa responsabilité. Cet article est une réaction à chaud à l’arrestation, survenue le 13 mai dernier, de l’évêque Pascal Mukuna dans son affaire de sextape avec la veuve de son collaborateur, feu le prophète Kantshia.
Le premier extrait est d’une très grande portée diplomatique. Au cours de ces quinze dernières années, le monde entier a été bombardé, au propre comme au figuré, des rapports sur les violations des droits de l’homme qualifiés de “documentés” et publiés par des ONG congolaises comme Asadho, Acaj, Vsv, relayées elles-mêmes par des ONG étrangères comme Fidh, Amnesty international, Human rights watch. Sur base de ces rapports, des proches de Joseph Kabila ont été sanctionnés par Washington et Bruxelles.
Et voilà qu’on apprend l’ouverture, par “Éveil patriotique”, et ce à partir du 18 mai 2020, d’un bureau chargé d’enregistrer les dénonciations pourtant déjà documentées !
Coup dur pour les « sanctionneurs » que de découvrir ce qui a tout d’une arnaque…
IL VA FALLOIR QUE LA LOI D’ABROGATION SOIT SIGNEE
C’est, toutefois, le second extrait qui est intéressant. “Éveil Patriotique” se résout à obtenir l’abrogation de la loi n°°18/021 du 26 juillet 2018 statut des anciens Présidents de la République élus et fixant avantages accordés anciens chefs de corps.
A son article 7, cette loi dispose que « Toul ancien Président de la République élu jouit de l’immunité poursuites pénales pour les actes posés dans l’exercice de fonctions » tandis qu’à son article 8, elle déclare : « Pour les actes posés en dehors de l’exercice de ses fonctions, poursuites contre tout ancien Président de la République élu soumises au vote à la majorité des deux tiers des membres des Chambres du Parlement réunies en Congrès suivant la procédure par son Règlement intérieur ».
Même en évoquant l’article 9 de cette loi selon lequel « En matière de crimes contre la paix et la sécurité les actes commis par tout ancien Président de la République élu, les juridictions nationales ont priorité sur toute internationale ou étrangère », faudrait-il encore se demander pourquoi Jean-Claude Katende se met à les chercher maintenant pendant que tous ses rapports envoyés aux institutions internationales sont censés les détenir.
Pour parvenir à l’abrogation de ce texte, il va falloir un projet ou une proposition de loi. Le projet émane du Gouvernement, la proposition, elle, du député national ou du sénateur. L’article 130 limite au Gouvernement et au parlementaire l’initiative des lois.
Au stade actuel, aucun esprit conscient ne voit le Gouvernement ou le parlementaire actionner la procédure d’abrogation de cette loi.
A supposer cependant qu’il y parvienne, il faut une signature à la loi d’abrogation. Qui devra le faire ? Évidemment Félix Tshisekedi. Tant qu’il est en fonction.
DU FRONT CITOYEN 2016 ET LAMUKA, VOICI EVEIL PATRIOTIQUE
Que retenir de cet acharnement – car c’en est un – dans le chef du “délégué” de ce mouvement qui n’est ni Pascal Mukuna, ni Serge Gontsho, mais en réalité Jean-Claude Katende, président à vie de l’Asadho ?
Cet activiste des Droits de l’homme – l’un des fournisseurs (aux côtés de Georges Kapiamba de l’Acaj) des rapports à l’origine des sanctions occidentales à l’encontre des proches du président de la République honoraire – n’en est pas à son premier mouvement anti-Kabila. Au sortir du conciliabule de l’île de Gorée en décembre 2016, il avait créé avec Floribert Anzuluni le “Front citoyen 2016” dont on ne parle plus, mais qui a été pour beaucoup dans la création du “Rassop” en juin 2016 à Bruxelles. Il a par après participé à la création de “Lamuka” en novembre 2018 à Genève. Le voici maintenant dans « Eveil patriotique ».
Il est tout à fait normal qu’il n’ait jamais digéré ce qui, pour lui comme pour ses parrains, aura été une défection dans le chef de Tshisekedi et Kamerhe partis créer Cach.
Il est tout à fait normal qu’il ait contesté la victoire de Fatshi à la présidentielle de décembre 2018, lui qui était totalement acquis à Martin Fayulu.
Qu’il se soit rapproché de Tshisekedi – comme l’ont fait plusieurs contestataires de sa victoire – c’est son droit absolu. Personne de ne peut le lui reprocher.
Mais qu’il en vienne à transposer au Palais de la Nation des comptes par procuration qu’il n’a pu régler à Joseph Kabila et aux siens, et qu’en plus il puisse bénéficier du soutien des proches de Tshisekedi, c’est là que le bât blesse !
GENEVE 2018 REVELE SA VRAIE NATURE
En effet, qu’adviendrait-il si, par aventure, Félix Tshisekedi venait à promulguer la loi abrogeant le statut des anciens chefs d’État, lui même étant appelé à le devenir au plus tôt en 2023, au plus tard en 2028 !
Premièrement, la coalition Fcc-Cach vole en éclats. Deuxièmement, il se prive de la jouissance de cette loi. Mais, surtout, troisièmement, il ouvre une boîte de Pandore qu’il saura peut-être jamais refermer.
Pour l’histoire, des 9 provinces créées sous Mobutu avant la scission du Kivu, trois avaient la réputation d’être indépendantistes : le Katanga et le Kasaï (qui avaient même basculé en 1960 dans la sécession) et le Kongo Central que Patrice-Emery avait réussi à détourner de l’autodétermination voulue par Joseph Kasa-Vubu en offrant à ce dernier le poste de Président de la République sur lequel Bruxelles, on le sait, avait son candidat : Jean Bolikango, ressortissant de l’Equateur.
Depuis, le Congo vit la peur au ventre en raison du potentiel de balkanisation renforcé aujourd’hui par des nouvelles provinces comme l’Ituri et le Nord-Kivu où les velléités souverainistes se libèrent, leaders et populations étant poussés au désespoir faute de solution à l’insécurité y ayant élu domicile.
La menace qui pèse alors le plus sur l’unité nationale est celle d’une boîte de Pandore qui libérerait ces velléités du fait de la vendetta résultant de la chasse aux sorcières.
Félix Tshisekedi a eu la sagesse de la “déprogrammer” de sa mandature. Il l’a fait non par peur, mais plutôt par pragmatisme. Il en connaît le prix.
Tout en prônant l’Etat de droit et en reconnaissant à la Justice le droit d’assumer son indépendance fixée dans la Constitution, il n’est pas cependant pour cette chasse parce qu’il a conscience de la configuration actuelle de la classe dirigeante, pouvoir et opposition compris. Des pans entiers des provinces ou des territoires, solidarisés autour de leurs leaders, pourraient décider de l’irréparable !
A l’heure du Coronavirus caractérisée par leur repli sur elles-mêmes pour ne s’occuper que de leurs populations, les puissances mondiales feraient peu cas de tout coup de force qui se produirait sous n’importe quelle forme en Afrique, et encore dans cette RDCongo dont les problèmes commencent à fatiguer l’humanité. Personne ne lèverait son doigt pour une remise à l’ordre si la solution finale les arrangeait.
C’est ce qui incite à se demander si tous ces procès qu’on intente à gauche et à droite par des mouvements pro-ceci ou pro-cela n’obéissent-ils pas à un plan concocté pour faire porter à Félix Tshisekedi une responsabilité qu’il n’est venue assumer.
Dès cet instant, Genève 2018 révèle sa vraie nature : démembrer le Congo.
En les voyant se déployer autour de Fatshi, les relais de Genève sont en train d’exécuter leur ” mission ” ! Ce serait Martin Fayulu ou Moïse Katumbi au Palais de la Nation qu’ils n’agiraient pas différemment.
Que valent dans ce cas Pascal Mukuna et Serge Gontcho avec leur « Eveil patriotique » ? Et que valent tous ceux qui, autour de Félix Tshisekedi, soutiennent ce mouvement ? Rien que des faire-valoir.
Là, Kabila devient un prétexte. L’ouverture du bureau d’Eveil patriotique pour identifier les victimes des violations des droits de l’homme est aussi un prétexte. L’abrogation de la loi sur le statut des anciens chefs d’Etat est davantage un prétexte.
L’homme à abattre, en réalité, est Fatshi, maintenant que Kamerhe est en voie de neutralisation.
Après avoir gagné la confiace du peuple congolais dans l’urne, il serait dommage que les ennemis de la République s’introduisent dans le sillage du Président de la République camouflés dans un « Cheval de Troie » appelé Eveil Patriotique, pour en fin de compte, replonger le pays dans une déstabilisation qui leur permettrait enfin de faire main basse sur nos richesses.
A bon entendeur, salut.

Barnabé Kikaya Bin Karubi sur Twitter @kikayabinkarubi
La Nouvelle République