Le premier jour d’une France sous confinement face au coronavirus : déplacements encadrés et transports réduits
Plus de 100 000 policiers et gendarmes sont déployés pour faire respecter les consignes et restreindre au maximum les déplacements et les regroupements.
La propagation du Covid-19 en France
Mis à jour le 17 mars · Cas confirmés et décès dus au Covid-19 en France depuis le 17 février.
La propagation du Covid-19 en France

A midi, mardi 17 mars, les mesures de confinement détaillées la veille par Emmanuel Macron pour endiguer l’épidémie due au coronavirus en France sont entrées en vigueur. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a fait valoir que la France a mis en place les mesures « les plus strictes d’Europe », en rappelant que « les activités collectives sont interdites ».
« Restez chez vous, vous pourrez nous aider, c’est ainsi que vous serez des alliés de notre guerre », a dit M. Castaner, annonçant le déploiement de 100 000 policiers et gendarmes est en cours afin de contrôler les déplacements. Des contrôles « fixes et aléatoires » seront opérés sur les réseaux de transport.En direct : La France au premier jour du confinement
En tout, 7 730 cas de Covid-19 ont été confirmés dans le pays, soit une hausse de 16,5 % en 24 heures, a annoncé mardi soir le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé. Le pays compte également 27 décès de plus, ce qui porte le bilan à 175 morts contre 148 la veille. 2 579 personnes sont actuellement hospitalisées en raison du Covid-19, dont 699 cas graves en réanimation. « Bonne nouvelle », a commenté M. Salomon : 5 000 personnes sont guéries ou confinées à domicile sans symptômes graves.
- Limiter au maximum les déplacements

A la sortie du conseil des ministres, mardi midi, M. Castaner a détaillé ce que voulaient dire, concrètement, ces mesures :
. « Le repas de famille, les dîners entre amis, le match de foot avec quelques amis, les retrouvailles pour une partie de cartes. (…) Ça n’est pas seulement déconseillé, c’est interdit. Derrière chaque poignée de main, chaque bise, ce sont des morts de plus ».
Selon les derniers chiffres officiels, l’épidémie a coûté la vie à 148 personnes et infecté 6 633 autres (+ 1 210 en 24 heures).Lire aussi : ce qui est permis et ce qui est interdit pendant le confinement en France
Suivant les recommandations de la Commission européenne et de sa présidente Ursula von der Leyen, les « entrées des ressortissants étrangers à l’Union européenne, à l’espace Schengen et Royaume-Uni, sont interdites au sein de l’espace européen ». « Pour les ressortissants des pays tiers, les frontières seront fermées », a expliqué Christophe Castaner, sauf ceux « ayant un permis de séjour en vigueur ».
Au sein de l’Europe, l’objectif est aussi de limiter au maximum les déplacements. « Les contrôles sont et seront mis en place à nos frontières », a-t-il dit. « Les personnes se déplaçant pour des motifs non indispensables devront faire demi-tour ». Les travailleurs transfrontaliers devront fournir un certificat de domicile et de travail. Le transport de marchandise n’est pas concerné par ces restrictions européennes. « Il n’y a pas de crainte à avoir pour les approvisionnements en denrées alimentaires et en matériel de soin », a encore déclaré le ministre.
L’attestation de circulation à avoir si vous sortez de chez vous pendant le confinement
« Le mot d’ordre est clair : restez chez vous ! », a déclaré le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, lundi 16 mars. Toutes les personnes qui circuleront devront être « en mesure de justifier leur déplacement », a-t-il ajouté, précisant qu’une amende pour les contrevenants serait prochainement portée à 135 euros.
Les déplacements sont autorisés à condition d’être muni d’une attestation (ci-dessous et sur ce lien), pour les cas suivants :
- déplacements entre le domicile et le travail lorsque le télétravail est impossible ;
- déplacements pour faire des courses ;
- déplacements pour motif de santé ;
- déplacements pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables ou la garde d’enfants ;
- déplacements brefs, à proximité du domicile, pour faire du sport individuellement (marche, course) et pour les besoins des animaux de compagnie.
L’attestation (peut également être rédigée sur papier libre) :
Vous pouvez télécharger l’attestation en cliquant sur ce lien.
- Les capacités de réanimation « saturées » dans le Haut-Rhin

La préfète de la région Grand-Est, Josiane Chevalier, a affirmé mardi, sur France Inter, que les capacités en réanimation des hôpitaux du Haut-Rhin, l’un des principaux foyers épidémiques de coronavirus en France, étaient désormais « saturées » face à « un nombre de personnes contaminées qui ne cesse de croître chaque jour ».
« Nous sommes proches de la saturation dans certains territoires », notamment « du côté de Mulhouse et de Strasbourg, [où] la situation est très tendue » et des hélicoptères y ont été envoyés pour transférer des malades vers d’autres sites, a souligné le ministre de la santé, Oliver Véran. Toutes les opérations non urgentes ont été déprogrammées, des lits supplémentaires ont été ouverts, mais cela ne suffit pas : « Nous n’avons plus de marge, on est à flux tendu, c’est un casse-tête permanent » pour trouver des lits, explique l’anesthésiste-réanimateur, qui craint « trois semaines très dures ».Lire aussi : Dans les hôpitaux du Grand Est, « la situation est très difficile »
- La fréquence des trains encore réduite
Le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, a annoncé que le gouvernement allait encore réduire la fréquence des trains en France, alors que de nombreuses personnes quittent les grandes villes pour aller à la campagne.
« Nous allons réduire la cadence et la fréquence des trains, notamment longue distance, pour éviter par ces phénomènes “d’exode” que le virus circule davantage sur le territoire. Nous appelons chacun à la responsabilité (…), [Il y aura] évidemment une tolérance donnée aux Français qui veulent se positionner par exemple dans leur résidence secondaire quand ils en ont une ».
Le secrétaire d’Etat a estimé que 50 % des trains circulaient cette semaine, par rapport à la normale, et « entre 30 % et 40 % la semaine prochaine » par rapport au service normal. Pour les TER, « nous garderons une offre pour l’instant évaluée à 35 %-40 % » et l’offre de transports urbains serait également diminuée :
« Aujourd’hui, il y a 70 % de bus et de métros qui roulent. Et nous allons réduire très progressivement dans les jours qui viennent, en lien avec les opérateurs des transports. »Lire aussi Avant le confinement, ils fuient à la campagne : « On savait qu’il fallait faire vite »
- Des masques en priorité pour les professionnels de santé
Des masques de protection « réservés » aux professionnels de santé vont être distribués en pharmacie « jusqu’à jeudi ». « Des camions circulent en ce moment partout en France pour aller déposer des masques dans des pharmacies », a dit la porte-parole du gouvernement, Sibeth NdiayeLire aussi : Le port du masque de protection est-il une mesure efficace ?
« Les Français ne pourront pas acheter de masques dans les pharmacies car ce n’est pas nécessaire quand on n’est pas malade. Notre priorité est aujourd’hui que les soignants puissent disposer de ces masques [si] cette première ligne de soignants, si elle est elle-même trop infectée par le coronavirus, nous allons au-devant de graves difficultés ».
- Vente restreinte du paracétamol à partir de mercredi
L’Agence du médicament (ANSM) a annoncé mardi une restriction des ventes de paracétamol, recommandée pour combattre les symptômes dus au coronavirus. La délivrance du médicament sera restreinte en pharmacie et suspendue sur internet à partir de mercredi.Lire aussi Le ministre de la santé déconseille l’ibuprofène contre le coronavirus
La vente se limitera à une boîte par personne sans symptôme ou deux boîtes en cas de fièvre ou douleurs, ajoute l’agence dans un communiqué, s’inquiétant des risques de « stockage inutile » au détriment de ceux qui en ont besoin.
- Le sanctuaire de Lourdes ferme, pour la première fois de son histoire
Pour la première fois de son histoire, le sanctuaire de Lourdes a fermé ses portes mardi pour une durée indéterminée. Attirant chaque année des millions de catholiques du monde entier, dont nombre à la santé fragile, le sanctuaire avait déjà annoncé début mars une série de mesures, notamment la fermeture des bassins où s’immergent les pèlerins dans l’espoir d’une guérison. Mais avec le passage de la France au confinement, un pas historique a été franchi.
sur https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/17/coronavirus-les-capacites-de-reanimation-saturees-dans-le-haut-rhin_6033369_3244.html