En RDC, Christophe Mboso bat le rappel des troupes

Au lendemain de l’annonce du remaniement, le président de l’Assemblée nationale s’est appliqué à remobiliser les élus de la majorité autour de Félix Tshisekedi.
La scène se déroule le samedi 25 mars, dans le quartier de la Gombe. La veille, au terme d’un remaniement qui a pris Kinshasa de court, Félix Tshisekedi a fait entrer des poids lourds de la politique congolaise au gouvernement. Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba ont fait un retour spectaculaire sur le devant de la scène. Christophe Mbosoanticipe-t-il la grogne d’une partie de la majorité ? Le président de l’Assemblée nationale ne le formule pas ainsi, pourtant, il a convié les députés membres de l’Union sacrée à sa résidence.
Fidélité et loyauté
Face aux élus qui ont répondu à son invitation, il parle « fidélité », « loyauté » et « engagement ». À plusieurs reprises, ilinsiste sur la nécessité d’apporter son soutien au chef de l’État. « Nous nous sommes engagés à [l’]accompagner, c’est un contrat. Nous sommes ensemble avec le président Tshisekedi, et nous allons poursuivre. On ne s’engage pas un pied dedans, un pied dehors et, s’il y a des choses à dire, on le dit ouvertement mais pas dans la rue, ou sur les réseaux sociaux. »À Lire En RDC, la spectaculaire remontada de Vital Kamerhe
Pourquoi le président de l’Assemblée nationale prend-il soin de remobiliser les troupes de la sorte ? Lui affirme qu’il a pour habitude de s’entretenir avec les élus de la majorité au début de chaque session parlementaire. Pourtant, c’est un fait que le remaniement du 24 mars a fait des déçus. Les entrées très remarquées de Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba ou Antipas Mbusa Nyamwisi, respectivement à l’Économie, à la Défense et à l’Intégration régionale, ne sont pas parvenus à faire oublier que peu de changements ont été opérés : les députés qui espéraient un grand remaniement, et un maroquin, en sont pour leurs frais.
Désamorcer les frustrations
Dès le lendemain, Christophe Mboso a donc tenté de désamorcer les frustrations. « Même s’il y a des gens qui, par mauvaise foi, peuvent douter des risques que vous avez pris pour apporter cette révolution, le chef de l’État […] vous est infiniment reconnaissant. Et il ne cesse de nous rappeler à nous, de bien vous soigner, explique Christophe Mboso. Nous nous retrouvons ici en tant que membres de l’Union sacrée. C’est votre œuvre. J’insiste : c’est votre œuvre ! »À Lire Nicolas Sarkozy en RDC, les coulisses d’une visite politico-business
Devant les députés réunis, il martèle : « 2023 est une année hautement politique », aussi bien en raison de la situation sécuritaire dans l’Est – où les rebelles du M23 sont repassés à l’offensive et bénéficient, selon lui, du soutien du Rwanda et de l’Ouganda – mais aussi en raison des élections générales prévues en fin d’année. « Notre fidélité, notre loyauté envers Tshisekedi doit nous permettre de gagner les élections », reprend-il, s’autorisant une plaisanterie : « Je ne donnerai plus les autorisations de sortie pour l’étranger aux députés, mais seulement pour l’intérieur dans le but de mobiliser la population pour les élections. »
Selon nos informations, le président de l’Assemblée nationale a également encouragé les élus de la majorité à soutenir le projet de loi qui prévoit la création d’un corps de réservistes, lesquels viendraient en appui aux forces armées congolaises (FARDC). Cette réserve pourrait être composée de militaires à la retraite, de démobilisés du service militaire, ainsi que de volontaires civils après une formation et un encadrement militaire… Une proposition qui fait débat parce que, parmi ces « volontaires civils », pourraient se trouver d’anciens miliciens ou membres de groupes armés présents notamment dans l’est de laRDC.
Par https://www.jeuneafrique.com/1431100/politique/en-rdc-christophe-mboso-bat-le-rappel-des-troupes/