En tournée dans l’ex-Equateur
Bemba en campagne préélectorale identitaire néfaste pour le pays!

• Question : « Quand est-ce que, au cours des 40 dernières années, Jean-Pierre Bemba aura-t-il été une bénédiction pour les compatriotes de l’Equateur ? »
En effet, qu’il soit aux affaires directement ou indirectement (sous Mobutu avec le Groupe Scibe-Zaïre, FNMA, Comcel), à l’opposition armée (Mlc) sous LD Kabila et sous J. Kabila, qu’il soit au Pouvoir pendant 1+4 avant de basculer dans l’Opposition politique, et qu’il rejoigne sur le tard Félix Tshisekedi après la consultation présidentielle, il n’aura apporté que malheur sur malheur au Grand Équateur. D’ailleurs, pour avoir tourné son père en dérision dans son ouvrage ” Le Choix de la liberté ” paru en 2002, il est comme sous le coup de la malédiction. Jeannot Bemba l’avait exclu en 2001 de la gérance de ses affaires. Les Equatoriens ne devraient pas se laisser berner par un homme qui n’a jamais rien fait de bon pour eux…
DISCOURS IDENTITAIRE CONTRE-PRODUCTIF A LA NATION CONGOLAISE
Jean-Pierre Bemba Gombo est de retour à Kinshasa après une campagne pré-électorale dans l’ex-Equateur menée en faveur de Félix Tshisekedi. C’est son droit d’avoir porté son choix sur un chef de l’Etat à la recherche d’un second mandat. En passant par plusieurs villes et localités de l’espace Bangala, il a rempli sa part de contrat. En businessman, il ne fait rien pour rien.
Il se raconte que Félix Tshisekedi l’a aidé à se remettre à flot avec des compensations financières ici, des dommages et intérêts là, etc. On le savait déjà redevable à Félix Tshisekedi qui lui aurait permis de récupérer la résidence de son père, héritée pourtant par la veuve Pierrette Mbombo, juriste chevronnée qui ne pouvait être désintéressée que de façon conséquente. Bref, entre Félix et Jean-Pierre, c’est la grande amitié.
Seulement voilà : cette amitié ne doit pas se faire sur base des mensonges, de la diabolisation, du discours identitaire. Bemba a beau justifier son soutien à Félix Tshisekedi en déclarant : « J’ai choisi la voie de paix en acceptant de soutenir le chef de l’État pour faire échec au plan diabolique qui risquerait encore de faire reculer notre pays », cela n’empêche pas de constater dans ses faits et gestes le contraire. Dans ses meetings partout où il est passé, il n’a cherché qu’à retourner les Congolais de l’Equateur contre les Congolais de l’Est.
Quand il dit de Laurent-Désiré Kabila et de ses proches qu’ils avaient décidé d’exclure les Équatoriens des instances du pouvoir pour 32 ans, soit jusqu’en 2029), il n’a pas signalé la présence de Paul Bandoma, ministre de l’Agriculture (2ème personnalité du premier gouvernement du Mzee), originaire comme lui du Sud-Ubangi. Il n’a pas signalé la présence de son propre père, Jeannot Bemba, dans le deuxième gouvernement en qualité de ministre de l’Economie nationale, ni celle de Dominique Sakombi Inongo, ministre de la communication et de la presse.
Sous Joseph Kabila, la plupart des Équatoriens membres de l’opposition sont rentrés aux affaires en devant qui députés, qui ministres, qui ambassadeurs, qui mandataires publics dans les entreprises d’État. Ne parlons même pas de l’armée, de la police et des renseignements, de la magistrature. Dans son cabinet comme dans sa propre famille politique, Joseph Kabila a bien servi les Équatoriens.
Aussi, au moment où le pays fait face à une menace insidieuse sur son intégrité territoriale avec tout ce qui se trame à l’Est, au moment où tous les regards sont fixés sur Félix Tshisekedi au sujet de multiples initiatives prises pour rétablir dans cette partie de la République où la situation reste volatile (état de siège, mutualisation des forces congolaise et ougandaise, déploiement des forces burundaises et bientôt de la Force régionale pendant que la population refuse toute prolongation du mandat de la Monusco), le discours identitaire de Bemba est contre-productif pour le pays.
ON LE MET D’AILLEURS AU DÉFI DE PROUVER LE CONTRAIRE…
En effet, ce discours remue le couteau dans la plaie des compatriotes de l’Est. Jean-Pierre Bemba ne peut pas ne pas se souvenir des crimes commis au Nord-Kivu et en Province Orientale du fait du parrainage de l’Ouganda. Antipas Mbusa Nyamwisi est vivant. Il peut en témoigner.
Pire, ce discours identitaire a occasionné de terribles effets également à l’Ouest. A l’Equateur, ses troupes ont failli abattre en pleine ville de Gbadolite Nzanga Mobutu.
A Kinshasa et au Kongo Central, ses choix maladroits pour les postes de gouverneur et de vice-gouverneur de ces deux provinces avaient entraîné mort d’hommes. Les troubles suscités par Ne Muanda Nsemi avaient surgi à cause de lui.
A Kinshasa, la clôture de sa campagne électorale en juillet 2006 s’était caractérisée d’incidents graves : pillage des sièges de la Ham (Haute autorité des médias), de l’Eglise Victoire de l’Eternel du pasteur Sony Kafuta et de l’orchestre Wenga Musica de Werrason, en plus de la destruction de tous les postes de la Pnc sur le trajet aéroport international de Ndjili-stade Tata Raphaël. Pis, il y avait eu viol d’un agent féminin de la Ham et assassinat des policiers.
A l’Udps, on n’a pas oublié la menace de répression qu’il avait brandie en 2005 et en 2006 lorsque ce parti avait réclamé la fin de la transition 1+4. Au Grand Kasaï, il y avait eu mort d’hommes. Encore à l’Udps, on n’a pas oublié le choix qu’il a porté sur Martin Fayulu pour la présidentielle de 2018 et son rejet de la victoire électorale de Félix Tshisekedi proclamée par la Céni début janvier 2019.
Au Katanga, on n’a pas oublié son discours de stigmatisation de Joseph Kabila, traité d’étranger par les chaînes de télévision et de radio Cctv et Ralik.
Ceux qui ont la mémoire d’éléphant sont en plus prêts à lui rappeler le contentieux social qu’il a avec les employés du Groupe Scibe-Zaïre/ Fnma, privés non seulement de leur salaire, mais aussi d’indemnités de sortie, de même que les victimes du crash de Ndolo.
REPUTATION D’UN EGOCENTRIQUE
A la lumière de ce qui précède, le parcours de Jean-Pierre Bemba de ces quarante dernières années est si négatif que son père, fâché du coup qu’il lui en 1997 en quittant furtivement le pays sans l’aviser ni lui rendre compte de l’état de la trésorerie du Groupe Scibe-Zaïre, l’avait quasiment maudit en 1998.
Jean-Pierre Bemba lui avait répondu sèchement dans son ouvrage ” Le Choix de la liberté ” au travers de cet extrait en page 12 : « A Kinshasa, la dictature mobilise tout ce qu’elle compte de bassesse et de vilenie pour induire les populations en erreur. Elle trouve le renfort inattendu de Bemba Saolona qui se répand en déclaration à l’emporte-pièce pour me dénigrer. Devant un parterre de journalistes, il n’hésite pas à me brocarder en me traitant d’aventurier et à me renier publiquement en me demandant de changer de nom. A mesure que ma famille prend ses distances, une autre, forte de millions de Congolais, me tend les bras ! Le sentiment d’avoir trouvé, dans ces compatriotes qui ont foi dans mon combat, ma nouvelle famille d’adoption renforcera ma détermination à me battre pour lui assurer des conditions de vie meilleures et la sortir de l’oubli et de la désespérance dans laquelle ceux-là mêmes qui me renient aujourd’hui l’ont plongée ».
Cette personne dont il n’évoque même pas le statut, c’est pourtant son père. Dans cet ouvrage, Jean-Pierre Bemba l’accuse ouvertement de faire partie de ceux qui l’ont renié après avoir plongé les Zaïrois dans la misère. Et qui sont-ils, ces dirigeants Zaïrois ?
Ils ont en Christophe Mboso leur représentant dans la 2ème institution du pays.
Quoi de plus normal que sérieusement affecté, son père l’ait exclu de la gérance de ses biens. Dans sa livraison du 4 août 2019 remise à jour le 12 novembre de la même année, Jeune Afrique soutient avoir accédé à ce testament. Jeannot Bemba y écrit : « Je souhaite que mes fils […], à l’exception de Jean-Pierre (en qui j’ai perdu confiance), se répartissent la gestion de mes différentes sociétés et biens ».
C’est donc un Jean-Pierre Bemba sans le sou qui s’est retrouvé à Genève, préoccupé par la nécessité de se ressourcer financièrement. Genève ayant échoué, la seule opportunité à se présenter à lui est de se rapprocher de Félix Tshisekedi.
Personne ne peut lui en vouloir de se mettre à son service, mais de là à recourir au discours identitaire, et en plus à ce moment délicat, ce n’est pas au profit du chef de l’Etat.
Pour qui roule-t-il alors ? La réponse est à chercher auprès de tous ses amis cités dans son livre pour lancer sa guerre et qui se sont défilés, un à un, les uns morts dans l’indigence, les autres ayant sauvé leur vie en allant ailleurs.
Il a la réputation d’un égocentrique.