Embargo sur les armes : étonné de l’étonnement ambiant

Embargo ou notification ou dispositif de préalable à l’acquisition des armes par la RDC. Juste une argutie cosmétique au niveau sémantique. Mais, au fond, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.
Le hic, c’est que cette position portée et soutenue principalement par les pays occidentaux étonne, y compris dans des pans importants de l’intelligentsia congolaise ! Il y a de quoi être étonné de cet étonnement. Et de quoi être pitoyablement surpris de la mine surprise affichée par nombre de « sachants » congolais !
Comment lire l’interminable guerre d’agression sans l’inscrire dans un continuum historique qui tire ses racines de l’idée « très Conférence de Berlin » que se font les puissances occidentales de la RDC ? Comment pleurer à chaudes larmes Patrice-Emery Lumumba sans savoir placer ce pourquoi il a été liquidé et liquéfié dans le contexte d’infantilisation continue du pays ? Comment- encore plus récent- réciter le « ne jamais trahir le Congo » sans avoir intégré l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila dans ce même contexte historique? Comment imaginer un seul instant que Paul Kagamé peut de lui-même prendre (plus d’une fois) des libertés avec le droit international au nez et à la barbe la communauté internationale puissamment représentée par la MONUSCO ?
La vérité-la même depuis la chronique du crépuscule programmée du Maréchal Mobutu – est que la guerre froide version idéologique passée, l’exploitation géopolitique – dont le pillage des ressources- du Zaïre devait changer d’orientation. La même fin justifiant, en l’occurrence, plusieurs moyens dont l’affaiblissement du pays par le renforcement de ses voisins de l’Est.
D’où, ce cycle infernal d’agressions dont le tandem Kagamé-Museveni s’avère des sous-traitants idéaux. L’on comprend que la démocratie-affaiblissement (Dialogue inter-congolais piège, élections avec un Etat à autorité limitée…) exigée aux Congolais n’est même pas suggérée au Rwanda. Pour n’avoir pas voulu jouer au président d’opérette comme son homologue d’alors, le Rwandais Bizimungu, Laurent-Désiré Kabila a été effacé du tableau. Depuis, le scénario de ce qu’on appelle curieusement « la guerre de l’Est » alors que c’est la guerre contre la RDC, est invariablement le même.
Dans la « fatshisphère« , on pensait que le tropisme occidental du Président, ses nombreuses démonstrations d’amitié envers son homologue et « frère » rwandais allaient changer la donne. Erreur ? En tout cas, nenni au constat.
Un saut dans l’histoire assortie d’une jurisprudence géopolitique suffisait, pourtant, pour voir au-delà des masques. Y compris celui qu’a porté impeccablement l’ambassadeur très spécial Mike Hammer dont l’efficacité n’a fait l’ombre d’un doute seulement dans le « déboulonnage du système Kabila« .
Pas sûr, au passage, que la liquidation du deal électoral de 2018 et la vaste OPA sur la majorité parlementaire aient permis au pays de se consolider. Si ce n’est ajouter de la rancœur et de la rancune supplémentaire à un pays en quête de cohésion nationale. A l’évidence, c’est cette cohésion synonyme de gage d’intégrité du territoire que ceux qui parient sur l’affaissement de la RDC cherche à dynamiter à coup de rébellions-agressions.
Droits dans leurs bottes estampillées « intérêts« , au clair-obscur ?-avec leur dessein, les soutiens des agresseurs -jamais formellement dénoncés- ne manqueront pas d’artifices et de subterfuges pour maintenir la RDC dans son état « d’Etat-bébé« . D’où, ce prolongement de l’embargo, un véritable pied de nez à la souveraineté du Congo-Kinshasa. De quoi faire se retourner le concepteur de l’hymne national dans sa tombe. Lui qui nous enjoignait individuellement et collectivement de dresser nos fronts longtemps courbés.
Par José NAWEJ