24 ans après le Rcd – Ça y est : le piège du délit de faciès relancé !

Même modus vivendi, même modus operandi en 2022 comme en 1998 : ça commence par une situation de guerre artificiellement créée, suivie d’actes de victimisation, et ça se termine par l’émotion que doit ressentir une certaine « communauté internationale » (au fait, la même) en faveur d’une « minorité » toujours martyrisée par une « majorité » toujours raciste. Ce scénario s’était produit en 1998 au travers de la guerre du 2 août. Pendant que Laurent-Désiré Kabila s’époumonait à soutenir la thèse de l’agression rwandaise contre la RDC, Paul Kagame, lui, accréditait celle de la rébellion, donc d’une affaire congolo-congolaise. Il brandissait en plus la thèse du génocide avec comme prétexte la présence des ex-Far et milices Interahamwe aux côtés des Fac (Forces armées congolaises). Nous revoici, 24 ans après, dans une sorte de remake, cette fois avec le M23 à la place du Rcd…
A CAUSE DU PHÉNOMÈNE ” GROUPES ARMÉS ” LE CONGO PEINE À RÉUSSIR CE QU’IL ENTREPREND…
En 1998, alors que les Kinois de la Tshangu résistaient à l’attaque des éléments armés du Rcd en provenance du Kongo Central, éléments que tout le monde savait mélangés avec ceux de l’armée rwandaise, Yerodia Abdoulaye Ndombasi avait failli se retrouver à Cour internationale de Justice du fait avoir qualifié par un terme inapproprié les envahisseurs.
Les ONG et les médias occidentaux n’avaient retenu de la prise manquée de Kinshasa que l’image d’un nègre balancé par-dessus la balustrade d’un pont . Impossible à l’époque d’utiliser le test infox-intox .
Dans les commentaires, on parlait de chasse aux sorcières visant la communauté qui se prévalait d’être minoritaire pendant qu’aucune des 450 tribus congolaises n’est majoritaire à elle seule.
Aussi, ceux qui avaient monté le piège étaient-ils parvenus à retourner l’opinion internationale contre la RDC avec les conséquences ci-après :
- en 1999, le Gouvernement fut contraint à négocier avec le Rcd et le Mlc l’Accord de cessez-le-feu Lusaka assorti de l’initiative de la tenue du Dialogue intercongolais ;
- en 2001, L-D. Kabila fut assassiné à cause de ce qu’on faisait passer comme son entêtement à bloquer la facilitation Ketumile Masire à propos de ce dialogue ;
- en 2001, Joseph Kabila – devenu Président de la République – relança le Dialogue au prix du partage du Pouvoir d’Etat sous la formule 1+4 ;
- et de 2003 à 2013, s’imposa à la RDC la remise en question cyclique des réformes de l’appareil sécuritaire au moyen tantôt de mixage , tantôt de brassage des troupes, formule découlant des négociations avec les groupes armés à base communautaire. Dont le Cndp et le M23 .
Depuis, à cause du phénomène « groupes armés », le Congo peine à réussir tout ce qu’il entreprend pour sa stabilité aux plans politique, économique et social. Pays classé à hauts risques, la RDC voit des investisseurs lui poser des conditions que d’autres pays ne connaissent pas.
Normal : on ne sait jamais de quoi sera fait demain… LES PLANIFICATEURS DE LA « SHOA » DES GRANDS-LACS
Pour autant que les mêmes causes produisent les mêmes effets, l’erreur ou la faute commence lorsqu’on n’en tire pas l’expérience nécessaire.
Le discours en cours d’exploitation par rapport à la crise créée expressément par le M23, exactement comme hier par le Rcd, est la stigmatisation basée sur le délit de faciès !
Il y a nécessité pour les proches du Président Félix Tshisekedi d’éviter ce piège et de savoir que l’ennemi du Congo est à la cherche désespérée d’autres « Yerodia », car c’est seulement de cette façon qu’il espère renverser la vapeur en sa faveur. Ceci d’un.
De deux, avec sa propension à réagir par l’épiderme, le Congolais lambda n’a pas la capacité de percevoir ni de circonscrire les enjeux géostratégiques faisant des Grands Lacs la nouvelle sous-région inflammable . Les ingrédients mêlant racisme, génocide, minorité y prennent corps.
Dans cette perspective, les planificateurs de la « Shoa des Grands-Lacs » courent après des preuves (A lire prochainement).
LE PEUPLE CONGOLAIS N’A NI GERMES, NI GÈNES BELLIGÈNES
En attendant, le Pouvoir a bien fait de réagir rapidement en dissuadant le peuple de tout acte de stigmatisation à l’endroit de la communauté concernée.
L’opinion internationale a quant à elle intérêt à comprendre la réaction du Congolais lambda sans toutefois la justifier : c’est l’expression d’un trop plein d’humiliation longtemps contenue.
Suffisamment avertie, elle doit réaliser qu’à elle-seule, la population de Goma et de Bukavu peut se déverser sur le Rwanda, et Paul Kagame sera incapable de la contenir, encore moins de l’anéantir.
Hier encore, Kagame pouvait compter sur la thèse « génocide » pour convaincre ses partenaires et parrains du potentiel dangereux que représente le Congo voisin pour la minorité à laquelle il s’identifie. Dans le contexte actuel, rien ne rassure que les mêmes partenaires et parrains vont continuer à croire dans son stratagème de maintien aux affaires.
Après tout, malgré la distraction entretenue par des groupes armés à la base des tueries et des pillages fortement médiatisés dans les réseaux sociaux, de Bruxelles à Washington, de Paris à Londres, de Berlin à Rome, tout le monde en est conscient : le peuple congolais n’a ni de germes ni de gènes belligènes.
LA PEUR CHANGE REELLEMENT DE CAMP
Pour résumer, le piège du délit de faciès dans lequel Kigali et ses acolytes veulent enfermer les Congolais est absolument à éviter. C’est du devoir de toutes les organisations politiques et sociales congolaises d’accompagner l’Autorité établie – représentée par le Président Félix Tshisekedi – dans l’application des décisions et des recommandations émanant de la réunion du Conseil supérieur de la défense du mercredi 15 juin 2022.
Le soutien aux Fardc ne doit pas faiblir. Au contraire.
Si, d’ailleurs, dans son communiqué du même jour, le M23 impute aux autorités civiles et militaires du pays la responsabilité des incidents qui se sont produits à Goma et identifie comme victime la « communauté tutsi » (sic) dont les biens « ont été cassés et totalement vandalisés » (resic), c’est qu’il y a quelque chose qui dérange. Et cette chose, c’est le résultat escompté par le M23.
On ne dira pas que ce résultat aura consisté à un accueil chaleureux.
C’est plutôt de revoir le piège du délit de faciès fonctionner.
Or, la RDC est en train de le contourner.
Il n’y a alors pas d’amalgame à entretenir à ce sujet : la peur change de camp !
Omer Nsongo die Lema
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