A bas le tribalisme, à bas l’ethnisme et que vive la Nation congolaise.

Être kasaïen est un droit. Le même reconnu au katangais, à l’équatorien, au kivutien, au bandundois, à l’orientalais, au kinois ou au ne kongo. De ce point de vue-là, parler tshiluba est aussi un droit au même titre que parler lingala, swahili ou kikongo. Là où cependant commence la dérive, c’est lorsqu’on utilise des subtilités du langage pour passer un message identitaire. Surtout quand on exerce la fonction présidentielle soumise au serment d’investiture prévu à l’article 74 de la Constitution.
Le libellé de ce serment est : ” Moi…. élu Président de la République Démocratique du Congo, je jure solennellement devant Dieu et la nation :
– d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République ;
– de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire ;
– de sauvegarder l’unité nationale ;
– de ne me laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine ;
– de consacrer toutes mes forces à la promotion du bien commun et de la paix;
– de remplir, loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui me sont confiées ».
Question vraiment simplifiée : peut-on dire qu’avec son discours de Mbuji-Mayi, Félix Tshisekedi a observé et défendu la Constitution, maintenu l’indépendance et l’intégrité du territoire national, sauvegardé l’unité nationale, ne s’est laissé guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine, consacré toutes ses forces à la promotion du bien-être commun et de la paix et rempli loyalement, en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui lui sont confiées ?
Il serait souhaitable de laisser la réponse aux leaders Kasaïens de la société civile, de la classe politique et de l’administration publique. Chacun, calmement, réalisera que le chef de l’État a péché.
On comprendrait que sa langue ait fourché. L’internaute désigne par l’expression ” Langue fourchue ” le fait ” de mentir, de dire des choses que l’on ne pense pas “.
Il est probable que le président Félix Tshisekedi s’en soit aperçu après. Après tout, aux étapes sensibles de Mupompa (village de son père Etienne Tshisekedi) et de Kabeya Kamwanga (chef-lieu du territoire où la famille Tshisekedi a plus d’une fois été reléguée), il n’a pas repris dans ses speechs ces expressions identitaires. Ça peut être la preuve qu’il s’est rendu compte de sa bourde que une élite kasaïenne et non kasaïenne de l’Union sacrée de la nation mal inspire cherche à justifier coûte que coûte.
Et comment !
LE CONGO EST EN TRAIN DE FOUTRE LE CAMP…
La traduction littérale en français du message délivré le 24 décembre 2021 ôte tout doute raisonnable. Il n’est pas normal pour un chef d’État de déclarer publiquement, au cours d’un meeting, « Arrêtez de vous plaindre. Essuyez les larmes. Le vôtre est aux commandes“.
Ou encore, “ On dit toujours que le Kasaï est la contrée des meilleurs, mais force est de constater aujourd’hui que le Kasaï est détruit. Et ce n’est pas le fait du kasaïen lui-même, mais le fait des jaloux, des rancuniers qui n’ont nullement accepté que les fils du Kasaï travaillent pour développer la terre de leurs ancêtres”.
Ou encore, à l’étape de la Sacim, à Miabi, s’adressant aux exploitants miniers chinois, il leur balance ceci : ” Ces personnes que vous maltraitez, c’est mon sang “.
Des tribuns comme Mobutu et L-D. Kabila et même des taiseux comme Joseph Kasa-Vubu et Joseph Kabila, le Congolais n’a jamais entendu des propos du genre. C’est pour la première fois bientôt en 62 ans d’indépendance qu’un président de la République en fonction ose les tenir, et les siens s’emploient à l’en féliciter.
Le plus dur est que l’élite qui soutient Félix Tshisekedi dans cette énormité se livre elle-même, et devant témoins, à un repli identitaire. Curieusement, elle est constituée en majorité des Kasaïens en provenance du camp de Kabila : Mende, Boshab, Lumuna, Kambila, Tshala Mwana, hier vilipendés par un certain André Mbata, et maintenant félicités par le même personnage.
Les choses se passent comme si ce repli identitaire portait un message clair à la communauté nationale et internationale : après les Bakongo réunis autour de Joseph Kasa-Vubu entre 1960 et 1965, après les Bangala réunis autour de Mobutu Sese Seko entre 1965 et 1997, après les Baswahili réunis autour de Laurent-Désiré et Joseph Kabila entre 1997 et 2018, c’est le tour des Baluba de faire de même autour de Félix Tshisekedi au plus tôt jusqu’à 2028, au plus tard à 2033 ou 2038.
C’est finalement le Congo qui pourrait foutre le camp, au grand plaisir de Peter Pham, chantre du démembrement de ce pays. Ainsi, ce que ni les Américains, ni les Rwandais, les Ougandais et les Burundais n’ont pu faire pour la RDC, certains leaders Baluba, sous le leadership de Félix Tshisekedi, sont prêts à le faire.
SAUVEUR OU ANGE DE LUMIERE ?
Le plus dur est le risque de présenter dans tout muluba un compatriote congolais prêt, au nom de ” mashi a mu menu “, à quitter un ami, un associé ou un conjoint au nom de la consanguinité kasaienne.
Félix Tshisekedi, lors de son meeting de Mbuji-Mayi, lui aura dit à propos de la destruction de cet espace que “..ce n’est pas le fait du kasaïen lui-même, mais le fait des jaloux, des rancuniers”, oubliant qu’en 62 ans bientôt d’accession à la souveraineté nationale et internationale, le Grand Kasaï est l’espace qui a donné le plus de Premiers ministers: Léonard Mulamba, Mpinga Kasenda, Mabi Mulumba, Etienne Tshisekedi, Samy Badubanga, Bruno Tshibala sans compter un grand nombre de ministres, de parlementaires, de mandataires publics, d’acteurs de la société civile.
Tous ces meilleurs, à l’en croire, ne sont pour rien dans la paupérisation des populations kasaiennes, la faute incombant à Kasa-Vubu et ses Bakongo, à Mobutu et ses Bangala, à Laurent-Désiré et Joseph Kabila et leurs Baswahili.
L’exemple venant d’en haut, que restera-t-il encore du Congo-Kinshasa si, d’aventure, ces Bakongo, ces Bangala et ces Baswahili se résolvent à balkaniser le pays, après l’accusation formelle portée à leur charge par le chef de l’Etat qui, lui, utilise le langage identitaire pour réclamer des siens un second mandat !
Mais comment, Bon Dieu, l’obtiendrait-il ce mandat sans justement les Bakongo, les Bangala et les Baswahili stigmatisés ? Une chose est certaine, les personnalités originaires du Grand Kasai citées plus haut ont prouvé qu’elles ont la fibre nationale et ne sont pas d’accord avec le discours identitaire de Felix Tshisekedi.
Tout fait, tout geste avec des messages du genre “Nous, les ressortissants de…” doit être combattu systématiquement. La force du Congo reside dans la diversité dans l’unité. Or, le discours de Felix Tshisekedi est celui de fragiliser l’unité en misant sur l’adversité. C’est en cela qu’il est mauvais et ne peut trouver place dans tout congolais attaché à son pays.
Conseil de compatriote : Kasaïens, ressaisissez-vous. Rejettez ce discours de Felix Tshisekedi venu en sauveur, devenu, hélas, ange de lumière…
À bas le tribalisme, Àbas l’ethnisme, À bas le communautarisme.
Et que vive le Nation congolaise

Barnabé KIKAYA Bin Karubi
Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur, Ancien Député, Professeur à l’Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
www.kikayabinkarubi.net | Twitter: @kikayabinkarubi
Mais ou es-tu, cher professeur? Apres le temps de pillage sous son clan Kabila un receleur semble avoir retrouve ses annees de Mobutu. #CongoHoldUp n’est que la tete d’un iceberg. Sauve qui peut.
Monsieur Kikaya soulève ici une polémique. Heureusement, c’est véritablement sujet à controverse.
Son péché est celui de vouloir être plus juste que Dieu lui-même.
Car tenez: Voulant réconcilier le monde avec lui-même, Dieu est venu dans le monde en se choisissant un peuple, les Israélites devenus les siens. Et même parmi les siens, on l’appela Jésus de Nazareth.
La foi de Monsieur Kikaya, s’il en a une, a-t-elle été une fois bousculée?
C’est avec d’attention que j’ai lu souvent tes publications, celle-ci a particulièrement attiré mon attention. Vous conviendrez avec moi que les prémices de ces sentiments de tribalisme, et de sectarisme n’ont pas commencé lors de cette tournée au Kasai, mais bien avant. Regardez la constitution de son cabinet, sur pnus de 100 conseillers, combien viennent des autres contrés? Non, tu as totalement raison d’attirer l’attention de l’ensemble des congolais, particulièrement ceux qui croient que leurs survie, c’est dans le repli indentitaire. Le Congo fort, c’est le Congo ou seule la nationalité compte. Et les congolais de bon.sens ne pourront laisser ce pays aux mains des aventuriers de Rez De Chaussée…Ou ils se battent pour nous y maintenir. Moi, comme.beaucoup de nos compatriote ne laisseront pas cette race des “Profito-situations”, divisé ou plonger notre pays dans le KO.