ÉDITORIAL : Ne comparez pas le non-comparable au sujet d’Athou Matubuana !

Un débat stupide (le mot est à sa place, et j’assume ), s’est invité dans l’arrestation du gouverneur du Kongo Central le 18 décembre 2021, cela du fait de l’intrusion des prétendus chantres de l’État de droit.
Précision utile : ma protestation contre la diffusion du sextape de l’évêque Pascal Mukuna en mai 2020 est du même cru que celle d’aujourd’hui contre la manière forte utilisée par les éléments des services publics chargés d’appréhender et de procéder à l’arrestation d’Athou Matubuana.
Cette réaction n’a rien d’un soutien à sa personne, moins encore à sa gestion ; l’une et l’autre étant d’ailleurs sujettes à controverse sur la place publique.
Le sentiment de révolte est plutôt suscité par les images de comparaison publiées dans les réseaux sociaux par des chantres ayant encore tout à apprendre de l’histoire de leur pays.
La première image balancée est de
Patrice-Emery Lumumba ligoté . La seconde d’ Étienne Tshisekedi en sang .
En publiant ces images, nos fameux chantres de l’État de droit prouvent à suffisance qu’ils sont certes nuisibles au pays, mais surtout au Pouvoir actuel qu’ils déclarent pourtant soutenir.
En effet, Lumumba et Tshisekedi avaient été brutalisés par des régimes dictatoriaux portés à bras le corps par l’Occident, à l’époque de la Guerre froide . Des régimes qui obéissaient à la “voix du maître”.
Présenter l’arrestation d’Athou Matubuana comme ayant été opérée dans les mêmes conditions que celles de Lumumba et de Tshisekedi revient à mettre à mal le régime Fatshi !
Heureusement que le Gouvernement a vite réagi en dénonçant cette arrestation filmée et mise aussitôt sur Internet.
L’État de droit dont on se fait chantres a des principes clairement énoncés, notamment dans la Constitution.
Le libellé de l’article 16 est : “
La personne humaine est sacrée. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l’intégrité physique ainsi qu’au libre développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de l’ordre public, du droit d’autrui et des bonnes mœurs. Nul ne peut être tenu en esclavage ni dans une condition analogue. Nul ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Nul ne peut être astreint à un travail forcé ou obligatoire “.
C’est un principe . Inutile de rabattre le caquet aux gens en leur balançant des arguments terre-à-terre du genre ” Et lorsque vous étiez aux affaires ? “.
A ce que je sache, Fatshi s’était porté candidat à la présidentielle et a été élu Président de la République pour changer les mauvaises pratiquess et non pour les répéter. Parenthèse ouverte et vite refermée.
Ainsi, avant même d’établir le principe de présomption d’innocence placé à l’article 17, le législateur a mis en première position le caractère sacré de la personne humaine.
Conséquence : ce n’est pas parce que la clameur publique ” condamne ” déjà quelqu’un qu’il (elle) devient forcément un animal à combattre et à abattre.
Dans le cas précis d’Athou Matubuana, deux faits sont à prendre en considération :
- premier fait, un mandat de comparution est émis à sa charge le 26 août 2021 par la Cour de cassation au motif du rapport de l’Igf constatant des détournements des deniers publics.
- deuxième fait, le 25 octobre 2021 , c’est-à-dire deux mois après, le Conseil d’Etat , par son acte de notification de l’ordonnance qu’il prend, confirme la décision rendue en faveur d’Athou Matubuana, autorisé de reprendre son poste de gouverneur de la province du Kongo Central, ce qui n’a pas été du goût de bon nombre de Bakongo.
Au regard de ces deux faits, forte est la tentation de déduire que Athou Matubwana aura été victime d’un conflit de compétence entre, d’un côté, la Cour de cassation (qui a émis le mandat de comparution) et, de l’autre, le Conseil d’État (qui a réhabilité l’intéressé, suspendu auparavant par le VPM de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières). Un conflit au sein des organes formant les Cours et Tribunaux, institution de la République garantissant et régulant l’Etat de droit.
C’est d’une extrême gravité.
A qui alors profite le ” crime ” ?
Si les crimes perpétrés sur Lumumba en 1961 et Tshisekedi passé du pouvoir à l’opposition avant et après le 24 avril 1990 devaient profiter particulièrement à Mobutu chouchouté à l’époque par les pays membres de l’Otan, celui dont Athou Matubuana vient d’être l’objet (et non victime) ne peut en aucun cas profiter à Félix Tshisekedi. Et cela pour une cause sans commune mesure avec celle des deux premiers et du second : Lumumba et Tshisekedi n’avaient pas touché à la caisse de l’État. L’un réclamait la liberté totale pour son pays, l’autre la restauration de la démocratie.
Or Matubuana, lui, a touché à l’ argent public !
Ceux des chantres de l’État de droit qui veulent justifier la brutalité de l’arrestation du gouverneur du Kongo Central par celle, précédente, du 1er des Premiers ministres congolais et de l’opposant farouche au maréchal réalisent la stupidité (j’assume) de la comparaison qu’ils ont voulu introduire dans un débat dans lequel, en définitive, ils se sont tirés une balle plutôt à la tempe qu’à la jambe.
Pendant qu’on n’y est, on devrait douter qu’après leur arrestation, à leur époque, Lumumba et Tshisekedi aient fait un pied-de-nez à leurs ” bourreaux “, et se prenant en selfie, même si à leur époque Internet n’avait pas développé les réseaux sociaux.
Qui se ressemble (nt) se s’assemble (nt), dirait l’autre !
Rideaux.
Omer Nsongo die Lema
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