Le pays est menacé par un certain ” Yalta “, et nous crions : Mbok’elengi !

” Congo Hold Up “, état de siège, Ceni, gratuité de l’enseignement, Covid-19, intervention des troupes ougandaises, Bukanga Lonzo, contrat sino-congolais, importation des surgelés, procès Chebeya, affaire Bakonga, vignette pour automobile, empoignades autour des affectations du budget de l’Etat revu à la hausse, tracasseries policières, conflit latent entre Cour constitutionnelle et Conseil d’Etat autour des gouverneurs de province, marche et sit-in, Igf, naufrage continu des embarcations de fortune sur différents cours d’eaux, embouteillages monstres dans la capitale, voirie inondée, entassament des déchets ménagers, menaces de grève dans l’administration publique, affaire experts de la Monusco assassinés au Kasaï, marché central de Kinshasa, etc.
Oui, il en pleut sur le Pouvoir.
Il en pleut tellement que les regards de tous les Congolais sont fixés plus sur l’homme fait institution que l’institution faite homme : Félix Tshisekedi.
Certes, en ce mois de décembre 2021, le discours sur l’état de la Nation prévu à l’article 77 de la Constitution est attendu avec effervescence parce que, croit-on savoir, il est censé apporter des réponses à ces préoccupations citées plutôt à titre illustratif qu’exhaustif.
Le Président de la République va devoir le délivrer le 13 décembre prochain. C’est désormais officiel.
Précisons d’emblée que l’accumulation des préoccupations du genre n’est pas une exception congolaise. Tous les gouvernements dans tous les pays du monde y sont confrontés, parfois à un degré de loin supérieur au nôtre.
La question est cependant de savoir si l’état de la Nation suffirait pour rassurer l’opinion.
Réponse : ça dépend de l’approche.
En effet, le Chef de l’Etat a le choix libre entre, d’un côté, taper du poing sur la table pour arrêter ce qui est en train de virer à la distraction ou calmer les ardeurs sur un ton rassurant.
Il calmera sans doute les ardeurs, tout en gardant, cela va de soi, une main de fer dans un gant de velours. C’est le propre de tous les leaders.
Il va alors falloir, dans un contexte aussi particulier que traverse actuellement la RDC, que radicalisés, radicaux, radicalistes, radicalisants de tous les bords se calment pour ne pas dire se taisent.
Et pour cause !
Tous les géopolitiques, tous les géostratégiques s’accordent sur ce point : la RDC est au centre d’une confrontation mondiale susceptible de précipiter sa disparition en tant qu’Etat.
Cette confrontation, on s’en doute, ne met pas aux prises, comme avant-hier, le diamant du Kasaï avec le cuivre du Katanga, comme hier le cobalt du Katanga avec le coltan du Kivu. Non. Elle est interne à l’espace katangais au travers du package cuivre-cobalt-uranium-lithium.
Elle se joue pour l’heure dans les médias pour préparer l’opinion au pire. Car les puissances mondiales ne vont jamais hypothéquer chacune son avenir (lisez l’avenir de son peuple) pour les décennies, les siècles ou les millénaires à venir simplement parce que Dieu, comme le rapporte une anecdote racontée par le célèbre pasteur Ekofo de l’ECC, a oublié au Congo son escarcelle de ressources naturelles !
Selon cette anecdote, le Créateur venait de marcher, marcher, marcher, jetant un peu d’or ici, un peu d’arachides là-bas, un peu de pétrole plus loin, un peu de poisson plus loin encore et fut pris de fatigue. A son réveil, il oublia son sac dans notre pays.
L’épilogue (nous) pousse à une réflexion rationnelle : interpellé par les autres pays fâchés à cause de cette injustice, Dieu les rassura en leur disant : “ Je ne peux pas me repentir du don que j’ai fait au Congo, mais vous verrez le genre d’hommes que j’y mettrai “.
Cet homme, bien entendu, c’est vous qui me lisez, c’est moi qui écrit, c’est nous qui nous faisons passer pour Congolais pendant que par nos actes, nous ne les sommes pas.
Nous sommes toujours prêts à nous disputer pour l’accessoire (l’os en plus pélé), mais jamais à composer pour l’essentiel (chair).
Cela remonte à une soixantaine d’années.
Conséquence, nous avons vite fait de trouver un terme de consolation qui trahit plutôt la résignation, donc la renonciation à l’unité et à la conscience nationales : ” Mbok’elengi “.
Ainsi :
- on ajourne ou rate un programme, on se balance : “ Mbok’elengi ! ”
- on tue, on pille, on viole des gens à l’Est, on se dit : “ Mbok’elengi !”
- on constate le transport difficile, on s’apostrophe : “ Mbok’elengi !”
- on rate soi-même son vol pour n’avoir pas été ponctuel, on crie : “ Mbok’elengi ! ”.
Qu’on arrête, Bon Dieu ! Le pays est en train de foutre le camp, et on a le temps d’érgoter sur des futilités.
On semble ne pas prendre conscience du fait que les puissances qui s’étaient opposées hier à la balkanisation planifiée avec les guerres successives du Katanga (sécession en 1960, Shaba I en 1977, Shaba II en 1978) ne sont peut-être plus dans les mêmes dispositions, maintenant que la nouvelle Guerre froide se déroule dans la province à la fois cuprifère, cobaltifère, uranifère et “ lithuinifère ”.
On devrait arrêter un peu de s’amuser pour sauver le pays.
Il n’est pas exclu qu’un ” Yalta ” se soit tenu quelque part dans le monde entre ces puissances, et cela à notre insu !
Omer Nsongo die Lema
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